Parade l’inauguration présidentielle
Auteur de l’article
  Pierre Guerlain est professeur émérite à l'université Paris Nanterre. Son champs d'expertise est la politique étrangère des Etats-Unis. Il travaille aussi sur la vie politique américaine et l'observation transculturelle. Il publie des articles sur les Etats-Unis dans divers médias.
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Donald Trump, pantin du complexe militaro-industriel américain ?


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L'impuissance de « l'homme le plus puissant du monde »

L’observation des faits et les politiques hostiles à la Russie indiquent que quel que soit le discours de Trump, ce n’est pas lui qui détermine la véritable politique des États-Unis vis-à-vis de la Russie.

Il y a un quasi-consensus médiatique sur la rencontre Trump-Poutinesauf quelques voix de spécialistes. Disons-le tout de suite : un grand nombre d’éléments de ce consensus sont avérés. Trump est une personnalité narcissique qui cherche toujours à occuper la lumière médiatique (et les médias lui accordent cette faveur, tous les jours, à toute heure), il admire les soi-disant hommes forts et souvent n’en fait qu’à sa tête. Poutine est un autocrate et la Russie ne respecte pas de nombreux droits humains, les médias en Russie doivent faire face à de nombreux obstacles à la liberté de la presse.

Ces éléments suffisent-ils à analyser le sommet où Trump fut accusé de trahison, d’être l’agent du Président russe ? Trump a changé sa version du sommet et invoqué une erreur de lecture alors qu’il aurait dû employer une double négation. Après avoir dit que Poutine n’était pas responsable de l’ingérence russe durant l’élection de 2016, il a dit le contraire. Ingérence dont la preuve formelle n’a toujours pas été fournie, contrairement à ce que la plupart des médias laissent entendre.

Il est habituel pour Trump de dire une chose puis son contraire, de signer un document, comme au G7 au Canada, puis de retirer sa signature par un tweet. Au sommet de l’OTAN, il a accusé Merkel d’être dans la poche de la Russie, cette même Russie dont on l’accuse d’être le béni oui-oui. Poutine quant à lui fut, à Helsinki, le froid calculateur que l’on connaît depuis toujours, l’exact opposé psychologique de Trump.

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Ces considérations psychologiques sont elles les plus significatives pour comprendre ce qui se passe ? La relation Trump-Poutine est-elle celle qui détermine la relation entre États-Unis et Russie? Il suffit de regarder ce qui se passe entre ces deux pays depuis l’élection de Trump pour comprendre que non, ce qui détermine celle-ci n’est pas la psychologie de Trump, ses mensonges, ses vantardises ou ses déclarations concernant Poutine ou la Russie.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Trump, les États-Unis ont adopté des mesures systématiquement hostiles à la Russie : sanctions économiques, ventes d’armes dites létales à l’Ukraine, bombardements du régime syrien allié de la Russie, votes opposés à la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU, document de stratégie nationale publié fin 2017 très hostile à la Russie et la Chine. La politique russe de l’administration Trump est bien plus dure vis-à-vis de Moscou que celle d’Obama.

L’observation des faits, les politiques hostiles à la Russie qui sont présentées comme des représailles à l’invasion de la Crimée, indiquent donc que quel que soit le discours de Trump, en mode cynique, provocateur et/ou narcissique, ce n’est pas lui qui détermine la véritable politique des États-Unis vis-à-vis de la Russie.

Tous ceux qui entourent Trump, ses généraux, ses services secrets, le complexe militaro-industriel ont réussi à imposer une politique que Trump lui-même affirme ne pas vouloir. Il est la marionnette de cet Etat de sécurité nationale qu’il a dénoncé durant sa campagne mais qui l’a mis au pas, non seulement sur la Russie mais aussi sur l’Arabie saoudite qu’il ne cessait de dénoncer durant la campagne et qui est devenue un des ses plus proches alliés et clients. De même, sur l’Afghanistan où il estimait, à juste titre d’ailleurs, que les États-Unis engloutissaient une fortune sans pouvoir gagner la guerre.

Trump l’homme du chaos et de l’insulte, l’homme de la vantardise et de l’ignorance qui fait de la politique comme de la télé-réalité, l’homme dont on dit qu’il va casser l’OTAN est finalement rentré dans le rang après avoir fait le buzz médiatique avec ses provocations et obtenu une dérive militariste des alliés des États-Unis. Sur l’Iran et Israël, Trump fait ce que le complexe militaro-industriel souhaite et lorsqu’il bombarde la Syrie, sans avoir de stratégie dans ce conflit, ses critiques habituels chantent ses louanges.

Le clown Trump est donc utile mais également faible en dépit de ses rodomontades ; sa faiblesse se manifeste face au complexe militaro-industriel américain avant tout. Que Poutine ait dominé le sommet entre deux mâles alpha est une vérité, mais Poutine sait aussi que Trump n’est pas celui qui détermine la politique russe des États-Unis et que sa victoire symbolique n’améliorera pas l’attitude des États-Unis face à la Russie.

Lorsque Trump dit que ce serait une bonne chose si les États-Unis et la Russie avaient de bonnes relations, il a raison mais il n’a pas les moyens de faire évoluer cette relation vers la détente, ce qui serait souhaitable pour l’humanité qui n’a aucun intérêt à voir les deux hyper-puissances nucléaires en situation de quasi-guerre.

Le discours médiatique dominant fait de Poutine un genre de Superman qui serait à l’origine de l’élection de Trump, du chaos dans le monde et aurait le pouvoir de casser l’Union européenne, l’OTAN, le Moyen-Orient. Ce discours prend peu la mesure du genre d’alliance ou d’accord qui existe entre la Russie et Israël, ce qui fait de la Russie un quasi-allié des États-Unis. Trump admire aussi Netanyahou, un autre homme fort qui n’a pas peur de casser la démocratie. Dans un mouvement de choc en retour, les russophobes attisent une perception d’hyper-pouvoir de celui qu’ils détestent. Mais Poutine, qui apprécie certainement d’être surestimé, n’est pas Superman.

La Russie est trop faible pour avoir autant d’influence, et même si Poutine l’autocrate se souvient des dominations et humiliations subies par son pays et venues du camp occidental, même s’il souhaite que la Russie redevienne un acteur majeur sur la scène mondiale, ses moyens sont limités et il le sait car, contrairement à Trump, il n’est pas aveuglé par son narcissisme.

Certes, Poutine a l’appareil d’Etat russe rangé en bon ordre derrière lui alors que Trump fait face à toutes les composantes de l’Etat de sécurité nationale qui ne veut pas d’un rapprochement avec la Russie, même pour y œuvrer à la paix ou au désarmement. Les critiques russes de Poutine savent tout ceci mieux que les médias occidentaux.

Poutine, l’homme fort soutenu par son appareil d’Etat est faible sur le plan géopolitique, militaire et économique. Trump le braillard narcissique est faible et incompétent mais ce n’est pas lui qui décide. Il ne décide que lorsque l’appareil d’Etat le veut bien et il peut alors déployer son militarisme ou menacer l’Iran ou la Corée du Nord.

Le secrétaire d’Etat, Pompeo, et le directeur du renseignement national, Coats, des hyper-faucons anti-russes ont publiquement défié l’autorité de Trump et donc soulignent le statut de pantin de celui qui est nominalement leur chef.

Ses diverses palinodies sur le sommet montrent bien une chose : le pouvoir réel n’est pas dans les mains de celui qui l’occupe institutionnellement. Ce n’est pas nouveau, Michael Glennon en donne de nombreux exemples dans son livre National Security and Double Government, mais avec Trump l’impuissance de « l’homme le plus puissant du monde » est flagrante. Le mâle alpha de la télé-réalité ne peut pas choisir la politique étrangère qu’il souhaite ou dit souhaiter pour obtenir un succès de scandale.

Vu de Pékin, ce théâtre de l’absurde de la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Russie est une excellente nouvelle. La Chine est une tyrannie qui espionne tout autant que la Russie et les États-Unis mais qui est courtisée par l’Europe sur le plan commercial. Elle peut tranquillement assurer son hégémonie pendant que Trump et Poutine jouent au grand guignol.

Pierre Guerlain

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