Rencontre d’Emmanuel Macron et de Vladimir Poutine à Versailles
Auteur de l’article
Parallèlement à son cursus universitaire en Sciences politiques et Relations internationales, Alexandra a renforcé sa rigueur analytique en travaillant pour le ministère des Armées. Passionnée par l’Océan, l’Orient et l’Histoire, elle s’évade au gré des expositions parisiennes et des livres chinés deçà-delà. Dès qu’elle le peut, elle voyage en quête de nouvelles cultures, de grands espaces et de sites de plongée insolites : autant de sources d’inspiration pour ses articles.
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La France peut-elle s’allier avec l’ours russe ?


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Alexandre Del Valle, Partie III : Qui est l’ennemi ?

Docteur en Histoire contemporaine, professeur de géopolitique et essayiste, Alexandre Del Valle étudie l’islamisme, le terrorisme et les conflits de civilisation entre l’Occident et le monde arabo-musulman. Chercheur-associé au Center of Political and Foreign Affairs et à l’Institut Choiseul, il enseigne à l’IPAG et Sup de Co La Rochelle. Il a notamment écrit Les Vrais Ennemis de l’Occident (2016) et vient de faire paraître un livre qui fait du bruit : La Stratégie de l’intimidation ; du terrorisme jihadiste à l’islamiquement correct (Éditions L’Artilleur).

Voir la Partie I : La stratégie de l’intimidation

Voir la Partie II : De « l’islamiquement correct » au « cosmopolitiquement correct »

Voir la Partie IV : Liaisons dangereuses

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Comment analysez-vous la récente escalade autour de la mort de l’ex-espion russe Sergueï Skripal ? Comment se fait-il que les Anglais en soient à l’origine, alors même que les Américains s’en désintéressent ?

Je pense qu’il s’agit avant tout d’une histoire interne. Le secrétaire d’État des Affaires étrangères, Boris Johnson (« M. Brexit »), est notoirement russophobe. Or le pouvoir anglais est au centre d’une polémique : Theresa May est accusée d’avoir couvert des assassinats russes à Londres en faisant classer des affaires de meurtre (prononciations de non-lieux) – ce qui est un peu exagéré selon moi. Pour contrecarrer ceux qui l’accusent d’avoir couvert les actions de l’ex-KGB à Londres, Theresa May fustige la Russie. Elle joue la surenchère pour faire oublier sa propre compromission avec des oligarques russes de tous bords, pro-régime et anti-régime, qui ont pu, depuis des décennies, blanchir leur argent à Londres et continuent de le faire…

Londres est en effet la base arrière de l’argent russe ; tous les milliardaires y sont présents. – Sans oublier le nid d’espions doubles ou triples qui y grouillent… – Il lui fallait rehausser son image de femme peu regardante avec l’argent sale.

Le Brexit a également donné un coup à sa popularité. Il lui faut donc recréer de la solidarité autour d’elle. La Russie est le bouc émissaire idéal ; elle est utilisée comme un élément de diversion et aussi de néo-solidarité inter-atlantiste en faveur de Londres. De ce point de vue, ceci a été un coup de maître puisque les États-Unis, le Canada et dix-huit pays de l’Union européenne (rejoints notamment par l’Ukraine, le Canada, la Norvège et l’Australie) ont annoncé l’expulsion de 121 diplomates russes suite à l’empoisonnement en Grande-Bretagne de l’ex-espion russe Sergueï Skripal, soi-disant par les services extérieurs de M. Poutine.

En ajoutant les 23 Russes déjà expulsés par le Royaume-Uni, on arrive au total à 144 diplomates russes frappés d’expulsion. Devraient s’y ajouter sept membres de la mission russe au siège de l’OTAN à Bruxelles, auxquels l’Alliance a annoncé mardi retirer l’accréditation. Pour les seuls États-Unis, 60 « espions » russes ont été obligés de quitter le territoire. Il s’agit là de « la plus importante expulsion » d’agents de renseignement russes de l’Histoire des États-Unis.

Dans ces conditions, quel serait le déclic pour que l’OTAN prenne conscience de la nécessité de s’allier avec les Russes ?

Il ne peut y avoir de déclic pour une raison simple. On a aboli toutes les institutions du Pacte de Varsovie après la chute de l’URSS. Même le KGB a changé de nom. Il y avait alors une volonté d’alliance commune avec l’OTAN, mais celui-ci n’a pas voulu s’auto-dissoudre et cette organisation a gardé sa seule raison d’être : endiguer et bloquer la Russie.

La clef de la situation tient dans ce syllogisme : l’OTAN est existentiellement et idéologiquement tourné contre la Russie. Donc mettre à jour l’OTAN, c’est le dissoudre et cesser de désigner l’ennemi russe. Si la Russie n’est pas l’ennemi, l’OTAN n’a plus de raison d’être. Donc il faut que la Russie reste l’ennemie pour justifier la pérennité et l’expansion de l’OTAN. C’est là la seule justification de sa pérennité.

Cependant, la vision russe de la démocratie est-elle vraiment compatible avec la nôtre ?

Leur vision est bien plus compatible qu’on ne le croit. Il y a d’ailleurs une énorme hypocrisie de la part de l’Occident, qui a des alliés fort peu et même parfois bien moins démocrates. En témoigne l’alliance entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite, les liens des États-Unis avec le Qatar, le Koweït, l’Indonésie et le Pakistan. Sans oublier le fait que la Turquie d’Erdoğan, qui a un énorme poids au sein de l’OTAN, est constamment dédouanée et choyée par Washington et l’Union européenne alors qu’elle occupe illégalement 37 % de Chypre, menace d’envahir les îles de Grèce, lance ses pavillons militaires pour bloquer les navires de forage pétrolier européens qui exploitent les hydrocarbures au Sud de Chypre, attaque les Kurdes à Afrin en Syrie ou même en Irak (alors que ceux-ci combattent vaillamment Daech), etc.

Cela fait beaucoup, et pourtant, Erdoğan n’est pas victime de sanctions internationales et occidentales ; aucun ambassadeur, diplomate ou espion turc présent en Occident n’a été expulsé suite à ces forfaits géopolitiques et actions menaçantes. Nous paierons à terme ces lâchetés accumulées. L’Europe a en effet envoyé un terrible signe de faiblesse en ne réagissant pas face au néo-impérialisme ottoman d’Erdoğan.

Il faut rappeler qu’en Russie – contrairement à la Chine totalitaire que l’Occident courtise et ne dénonce ni ne sanctionne – il existe tout de même une démocratie formelle. Le Conseil Russie-OTAN, créé en 1992, est resté lettre morte, mais il existe. Il existe aussi un Partnership for peace. Hélas, le « pacte non-écrit russo-occidental de non-agression » conclu au sortir de l’URSS a été trahi par les Occidentaux, qui ont voulu étendre l’OTAN, l’UE et leur influence dans ce que l’on appelle « l’étranger proche » de la Russie, c’est-à-dire la « ligne rouge » qu’il ne fallait pas franchir faute de réactions radicales.

Par ailleurs, l’Occident est hypocrite et se trompe lorsqu’il dénonce comme ennemi un gouvernement qui le dérange car il viole sa conception des droits de l’homme et de la démocratie, mais que ledit gouvernement ne l’agresse pas. L’ennemi n’est pas celui qui n’a pas les mêmes valeurs que nous ; l’ennemi est celui qui a des intérêts opposés qui se traduisent par une action menaçante pour notre population, notre territoire et nos institutions.

D’où la pertinence de s’allier avec Bachar el-Assad, homme peu fréquentable mais pas ennemi de notre Nation, face à Daech, ennemi principal commun au régime de Damas et aux sociétés « mécréantes » visées par les djihadistes. Même si le constat peut paraître cynique, il est clair que l’ennemi n’est pas celui qui bafoue nos valeurs chez lui, mais celui qui les bafoue et les menaces directement et concrètement chez nous.

Voir la Partie I : La stratégie de l’intimidation

Voir la Partie II : De « l’islamiquement correct » au « cosmopolitiquement correct »

Voir la Partie IV : Liaisons dangereuses

Propos recueillis par Alexandra Nicolas

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