John Mccain, sénateur des États-Unis et candidat à l’élection présidentielle de 2008
Auteur de l’article
  Pierre Guerlain est professeur émérite à l'université Paris Nanterre. Son champs d'expertise est la politique étrangère des Etats-Unis. Il travaille aussi sur la vie politique américaine et l'observation transculturelle. Il publie des articles sur les Etats-Unis dans divers médias.
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Qui était McCain ?


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McCain, un va-t-en-guerre, pas un héros

On connaît la locution latine : De mortuis nihil nisi bonum (« des morts ne dire que du bien ») et il est certes correct de ne pas affliger les familles des personnes décédées. Cet adage n’est pas respecté dans certains cas. La mort récent du militant pour la paix israélien, Ury Avnery, n’a pas été saluée que par des hommages. La volonté de ne pas heurter la mémoire des morts ne peut cependant oblitérer le devoir de dire la vérité.

John McCain est quasi-uniformément présenté comme un héros, le dernier héros dit le Spiegel par les médias dominants de qualité qui s’auto-définnissent comme progressistes, ou aux Etats-Unis comme liberal (de centre gauche). Le New York Times lui consacre de nombreux articles élogieux. On le célèbre parce qu’il serait un maverick (non conformiste, penseur indépendent). Surtout, comme l’écrit Le Monde, il serait “un farouche opposant à Donald Trump” et France Culture indique que seuls Trump et les médias russes ne se joindraient pas aux hommages planétaires rendu à ce héros américain.

Les hommages rendus à McCain sont singulièrement sélectifs. On mentionne le fait qu’il aurait été torturé au Vietnam, ce que ses gardes vietnamiens contestent, et explique son statut de héros de la guerre du Vietnam. McCain est resté prisonnier pendant plus de 5 ans au Vietnam mais peut-on être le héros d’une guerre terrible, injuste et meurtrière ? Il a été capturé alors qu’il était en mission de bombardement pour tuer des civils.

John Kerry, qui avait lui dénoncé les crimes américains au Vietnam, n’a jamais eu ce statut de héros et sa défaite à l’élection de 2004 est en partie due à l’action d’un groupe d’extrême droite, le Swift Boat Veterans for Truth, qui l’a accusé de mensonges sur ses actions qui lui avaient valu des décorations militaires.

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Celui qui est présenté comme un héros de la guerre du Vietnam est donc le militariste qui approuvait cette guerre, pas le pacifiste qui l’a critiquée devant le Congrès en 1971. Kerry faisait partie alors du groupe qui s’intitulait Vietnam Veterans Against the War qui regroupait les anciens combattants qui avaient compris la nature de la guerre du Vietnam. A l’époque toute la gauche, américaine et mondiale, était opposée à cette guerre. Aujourd’hui une partie d’entre elle vénère un faucon criminel.

McCain a, par ailleurs, embelli son histoire lors de la guerre du Vietnam, comme le note une historienne, Mary Hershberger. Le “héros de la guerre du Vietnam” a certes pris des positions contre la torture et été lui-même la cible d’attaques mensongères de la part de George W. Bush ou de Trump mais il n’a jamais renoncé au militarisme et a toujours été un va-t-en-guerre. Il a approuvé les guerres en Irak, en Libye et en Afghanistan, l’intervention au Kosovo, la guerre saoudienne au Yémen avec armes et soutien américain. Il était le chouchou du complexe militaro-industriel.

Il a également soutenu les révolutions orange dans les pays ex-soviétiques et pris une part active au soutien des opposants à Ianoukovytch en Ukraine, il a donc été présenté comme un héros de la liberté, même si ce soutien est parfois allié à des groupes néo-nazis. Il a aussi côtoyé des terroristes d’Al-Qaida en Libye.

On voit que, si sur le plan rhétorique, il était effectivement opposé à Trump et jouait un rôle important dans la critique du président bonimenteur et raciste, notamment en relayant le dossier Steele qui contiendrait des témoignages accablants sur Trump et ses pratiques sexuelles en Russie, il n’était pas vraiment opposé au président-catastrophe là où cela compte. Trump a décidé d’envoyer des armes dites létales en Ukraine, ce qu’Obama avait refusé, et donc sur le plan de l’intervention militaire Trump et McCain sont proches.

McCain s’était fait remarqué par une petite chanson qu’il chantait sur un air des Beach Boys qui disait : « bomb, bomb Iran ». On le voit il n’est pas non plus un opposant à Trump en ce qui concerne l’Iran et la diplomatie. Il soutenait l’agression saoudienne au Yémen, comme Trump et, comme lui, n’avait aucun égard pour les Palestiniens. McCain est à l’opposé de ce que défendent les progressistes véritables. Ses critiques de Trump ne sont pas l’équivalent de celles de Medea Benjamin, la féministe pacifiste fondatrice de Code Pink, insultée par McCain, de Spike Lee ou de Chomsky, il a toujours été un hyper-réac militariste.

Il a aussi la misogynie en commun avec Trump ce qui bizarrement ne le disqualifie pas dans ses critiques du président actuel dont la goujaterie sexiste est de notoriété publique. Il a aussi utilisé un vocable raciste pour parler des Vietnamiens. Il ne s’est pas opposé à la réforme fiscale de Trump en décembre 2017, qui fait des cadeaux aux riches et ploutocrates et a voté pour les projets de loi soutenus par Trump plus de 80% du temps l’an passé. Un « maverick » très conformiste dans ses choix réactionnaires, donc.

Ce que dit cette héroïsation d’un va-t-en-guerre réactionnaire, sexiste et raciste par des médias de qualité qui se disent progressistes est grave. Les esprits trumpisés des médias ne pensent plus qu’en termes manichéens : quiconque critique Trump devient ipso facto quelqu’un de bien ou de recommandable.

On l’a vu avec la transformation de John Brennan, menteur patenté et défenseur de la torture, artisan des assassinats ciblés par drones, qui soudain est devenu lui aussi un héros de la résistance à Trump et de la défense de la liberté d’opinion. Il semble impossible aux médias dominants de penser au-delà de ces catégories manichéennes simplistes.

Si l’opposition, bien évidemment nécessaire, à Trump se choisit de tels héros, alors nous savons ce qui arrivera après la disparition politique du raciste, sexiste, militariste en chef. Le complexe militaro-industriel continuera à diriger les États-Unis et les criminels de guerre, tortionnaires et réactionnaires seront fréquentables et au pouvoir, mais ils ou elles s’exprimeront de façon légèrement plus polie ou policée, comme au temps de George W. Bush, lui aussi un « critique » de Trump, tout aussi dangereux pour la planète.

Le choix de l’Establishment politico-médiatique américain d’aduler McCain est une honte. Ceci est vrai pour les médias du monde qui suivent la même voie. McCain est le frère ennemi de Trump mais aussi son quasi-clone qu’aucun(e) progressiste, qu’aucune personne décente, ne devrait choisir comme modèle.

Pierre Guerlain

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