Migrants dans un centre de réfugiés en Europe
Auteur de l’article
Docteur en Histoire contemporaine, professeur de géopolitique et essayiste, Alexandre Del Valle étudie l’islamisme, le terrorisme et les conflits de civilisation entre l’Occident et le monde arabo-musulman. Chercheur-associé au Center of Political and Foreign Affairs et à l’Institut Choiseul, il enseigne à l’IPAG et Sup de Co La Rochelle. Il a notamment écrit Les Vrais Ennemis de l’Occident (2016) et vient de faire paraître un livre qui fait du bruit : La Stratégie de l’intimidation ; du terrorisme jihadiste à l’islamiquement correct (Éditions L’Artilleur).
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Immigration : thème majeur des prochaines élections européennes et tabou central du Grand Débat National - Partie I

Dépasser le clivage, éviter la récupération politique, et pourtant parler de la chose : voilà qui est devenu ardu quand il s’agit d’immigration. Pourtant une réflexion apaisée est possible, hors de tout jugement, dans l’optique d’une écologie de l’humain et de la Nation.

Partie II : Le nouveau visage du « choc des civilisations » ?
Partie III : Gare à l’émotion en politique !

Il s’agit de développer les enjeux de l’immigration : non en termes de bienfaits et de méfaits, mais comme partie d’un tout dynamique dont il convient de comprendre les ressorts. Et surtout de dévoiler le choix orwellien de nos élites qui consiste, depuis quatre décennies, à édulcorer les chiffres réels et coûts de l’immigration puis à diaboliser tout discours anti-immigrationniste, sous couvert de ne pas « alimenter les extrêmes ». Mais cacher le réel et criminaliser les récalcitrants à l’immigration incontrôlée et extra-européenne, majoritaires en France, n’est-ce pas le meilleur moyen de faire monter ces « populismes » que l’on prétend combattre en mentant et en invectivant ?

Habitude d’une certaine (auto)censure politiquement correcte mise à part, on ne comprend pas trop bien l’hystérie qui a fait de l’immigration un sujet tabou, alternativement sanctifié, dont la seule mention marquerait le locuteur du sceau de l’extrême-droite dès qu’il ne l’enrobe pas de piété humanitaire. L’immigration est un terme qui désigne le fait de s’installer dans un autre pays de façon permanente. Rien de plus, rien de moins. Elle n’est, intrinsèquement, ni bonne ni mauvaise : c’est un mouvement d’individus (plus récemment devenu mouvement de population).

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Il est curieux qu’à l’heure du discours écologiste (qui n’est plus l’apanage des seuls Verts), où on s’évertue à rappeler à tout un chacun qu’il fait partie d’un tout plus vaste qu’il s’agit de traiter avec plus d’égards, d’en préserver la diversité et la spécificité, on prétend encore que l’immigration, elle, serait un élément détaché, détachable en tout de la nation et des phénomènes identitaires. Or l’écologie n’est pas que l’affaire des arbres, des poissons et des abeilles. Il y a toute une « écologie de l’humain », qu’on continue de mépriser. Par le prisme de l’émotion, on peut poser que l’immigration est quelque chose de beau en soi, de bon et de bien. Dans cette optique, l’immigration fait office de valeur cardinale, transcendant l’Histoire et les contextes économique, politique et culturel.

On pourrait s’embarquer dans une bataille de chiffres – les immigrationnistes clamant qu’ils sont plus faibles qu’on ne le dit, les anti-immigrationnistes multipliant parfois à tout crin. Mais avant même de faire des sommes et des soustractions – et ce munis de chiffres partiels puisque les définitions de migrants et étrangers, les moyens d’acquisition de la nationalité française, l’immigration par voies détournées (visas étudiants, clandestins, faux réfugiés, etc.) rendent la chose malaisée, comme l’a bien noté la démographe Michèle Tribalat – il faudrait s’accorder sur un point.

Les termes éminemment civilisationnels du débat

Le phénomène de l’immigration, loin de toute transcendance béatifiée ou de toute diabolisation, entraîne d’emblée la mise en présence et l’interaction d’au moins deux parties : l’immigré (sur fond de « pays d’origine »), avec sa civilisation propre lorsqu’elle est différente, et le « pays d’accueil » (terme dont la scansion médiatique pourrait faire croire, à tort, qu’un pays ne se définit que par cette dimension).

Bien sûr, la France peut intégrer de nouveaux éléments ; elle l’a fait et continuera à le faire, mais à certaines conditions et si elle s’en donne les moyens et la volonté politiques (politique d’assimilation ou d’intégration ferme). Sa perméabilité est acquise, sa souplesse un peu moins : il lui faut des structures solides et fortes, or ses fondations vacillent ; il lui faut des ressorts (et des amortisseurs) sociaux, et ceux-ci sont moribonds.

Il ne suffit pas de parler d’apport ou de coût financier, et d’ignorer tout bonnement les dynamiques sociales et culturelles à l’œuvre dans ce processus. Ce sont des forces qui sont mises en présence, or leurs vitalités diffèrent. La prégnance de la religion par exemple, la transmission de la culture et du rapport aux hiérarchies, « l’habitus », comme disait Bourdieu (qu’on ne suspectera pas d’essentialisme), caractérisent ces groupes d’individus (sans qu’ils y soient réduits, certes).

La capacité d’absorption et d’étirement de la France est mise à mal justement (mais pas seulement) par le silence imposé autour des effets de l’immigration, dans une société dont les individus ne se sentent plus aucune légitimité à se réclamer d’une spécificité française (phénomènes de la culpabilisation généralisée et de « l’auto-racisme » post-colonial et post-totalitaire). A voir le mal absolu là où il n’y a que des citoyens excédés par les signes visibles de l’étranger aux valeurs civilisationnelles hostiles dans leur quotidien, on a du même coup supprimé la dernière soupape : sans voie (même minime) d’évacuation, la pression menace, le tissu se déchire.

Pourquoi parler de chiffres, vu ce qui précède ? Parce que justement, quand on parle de pays d’origine, de forces en présence, il s’agit de comprendre des dynamiques. Une importation massive de « voisins » belges plus ou moins laïques, d’Italiens souvent catholiques ou de Marocains majoritairement musulmans, n’implique pas les mêmes étirements du tissu social, de la trame culturelle, ou des fibres affectives. On peut déclarer cela sans avoir besoin d’établir de hiérarchisation, qui d’ailleurs n’éclairerait le phénomène en rien. Passons donc aux chiffres.

Immigration : chiffres édulcorés pour ne pas «alimenter la haine » et chiffres réels

« 95 000 demandes d’asile par an, une grande ville chaque année ». Cette phrase n’a pas été prononcée par un cadre du RN, mais par l’ex-Ministre de l’intérieur et actuel Maire de Lyon, Gérard Collomb. Le même homme qui, comme Hollande d’ailleurs l’avait confié à deux journalistes quelques temps plus tôt, a publiquement annoncé la sécession civilisationnelle d’une partie du territoires et des habitants de l’Hexagone, que le premier assimile à un choc et un « face à face » et le second à une partition islamiste.

Revenons aux chiffres : en moyenne, ce sont 300 000 nouveaux migrants qui arrivent en France chaque année, avec un pic à près de 400 000 pour 2017, si l’on compte les clandestins et les mineurs non-accompagnés. D’après les calculs savant de la démographe de l’INED Michèle Tribalat, la France ne compterait pas 6 ou 7 millions d’immigrés, comme on l’entend dire « officiellement », mais au moins 12 (en 2011, donc plus encore depuis), si l’on compte à la fois les immigrés encore étrangers et ceux qui ont été naturalisés. Elle rappelle aussi que 20 millions de Français ont au moins un des quatre grand-parents étranger, ce qui est le plus fort taux en Europe avec la Belgique.

Enfin, pour ce qui est des régularisations, formidable appel d’air ou pompe aspirante à clandestins, on les dénombre à un million depuis 1981. Et depuis cette même date, le chiffre de migrants qui sont arrivés par effraction s’élève même plutôt à 1,8 millions d’âmes si l’on ajoute à ce million les 800 000 clandestins supposés présents sur notre sol. Un chiffre qui ne peut que continuer à augmenter puisque la majorité des demandeurs de statut de réfugié politique/droit d’asile, déboutés et faux réfugiés, ne repartiront jamais, comme d’ailleurs la plupart des clandestins qui arrivent par milliers chaque année grâce aux frontières ouvertes de Schengen et aux réseaux de passeurs et aux ONG qui les aident dans toutes les étapes de leur parcours.

L’immigration « stable » depuis les années 1990, et le chiffre des musulmans de France bloqué à 5 millions depuis 1990 ?

Depuis les années 1970, on nous rabâche les oreilles avec le mythe d’une « immigration stable ». De la même manière, on persiste à nous enseigner la fable d’une communauté musulmane de 5 ou 6 millions d’âmes, un chiffre qui n’aurait pas évolué depuis… 1990 ! Cette aberration statistique due à l’omerta française sur les chiffres a d’ailleurs été dénoncée par l’ancien conseiller et ministre de Jacques Chirac, Azouz Begag lui-même, qui a estimé, à tort ou à raison, le vrai chiffre des musulmans de France à 12 millions.

Pourquoi ce tabou sur le nombre de musulmans ? Parce que si les vrais chiffres étaient révélés grâce à des études comme cela est légal dans les pays anglo-saxons par exemple, le « risque » pour les immigrationnistes serait que ce chiffre profite aux « islamophobes » et que les Français attachés à la pérennité de l’identité chrétienne de la France exigent une immigration plus contrôlée et moins exclusivement en provenance des pays islamiques.

En réalité, l’immigration est en constante hausse depuis les années 1980 : la délivrance de visas a constamment augmenté, y compris sous la droite (Chirac-Sarkozy). Et le taux de demandes d’asile aussi a littéralement explosé, du fait d’une majorité de non-éligibles qui détournent la procédure. Il n’y a d’ailleurs pas suffisamment d’infrastructures pour accueillir les réfugiés. Or la seule réaction des médias et politiques a été de pointer la xénophobie des Français. Dernièrement, Macron et Merkel n’ont d’ailleurs cessé de faire des allusions à la Seconde Guerre mondiale et à la « peste brune », comme si le désir naturel des peuples européens de ne pas disparaître était « nazifiable » en soi.

Dans son livre de 2014 Les Migrations pour les Nuls, Jean-Paul Gourévitch, consultant international spécialiste de l’Afrique et des questions migratoires, a apporté des chiffres qui ne confirment pas du tout l’emballement pro-migratoire là où d’autres affirmaient que l’immigration en France produisait un « bénéfice » pour l’État (« une chance pour la France »). Gourévitch, qui a d’ailleurs payé très cher ses analyses « non-conformes » en étant accusé de faire le jeu de l’extrême-droite alors qu’il est issu de la gauche, est par ailleurs souvent revenu sur l’étrange calcul de l’INSEE, pour qui « entrants » et « sortants » seraient de simples unités interchangeables, sans distinguer expatrié et migrant.

L’INSEE avance ainsi un « solde migratoire » de +33 000 pour 2016. Or en ajoutant le « solde naturel » (naissances – décès) au solde migratoire de l’immigration (arrivants – sortants), Gourévitch arrive à une population étrangère en France ayant augmenté de 316 000 personnes en 2016. En termes clairs, à ce rythme, la France accueillerait 3 millions de nouveaux venus sur son sol en dix ans… D’où vient donc cette différence de chiffre du simple au décuple ? En fait, l’INSEE édulcore les chiffres en estimant que des Français qui partent sont à retrancher du nombre d’étrangers qui arrivent, une aberration intellectuelle puisque plus les Français partent et plus le nombre d’étrangers grandit en proportion.

Les coûts exorbitants de l’immigration, l’autre tabou

Le déficit budgétaire (c’est-à-dire dépenses moins recettes) de l’immigration légale a été également chiffré par J.P Gourévitch à 8,5 milliards d’euros, et à 3,7 milliards pour la seule immigration illégale, soit un total de 12,2 milliards pour l’année 2016, sachant que les dépenses pour l’immigration illégale se sont encore accrues en 2017-2018.

Il convient d’ajouter à cela les investissements publics dans l’éducation et les programmes d’intégration (que le Pacte migratoire onusien adopté le 11 décembre à Marrakech préconise encore d’augmenter et systématiser), ceci alors même que la dette extérieure de la France s’élève 162% du PIB (presque 3 000 milliards d’euros en comptant « tout »). Et le financement public de l’immigration a encore très sensiblement augmenté en 2018 puis début 2019. En avril 2018, Xavier Chojnicki, Lionel Ragot et Ndeye-Penda Sokhna, ont publié quant à eux un rapport sur « l’impact budgétaire de trente ans d’immigration en France » et ont conclu que la contribution nette des immigrés a « généralement été négative sur l’ensemble de la période » (1979-2011).

Ainsi, de même que l’INSEE a dû réviser à la hausse son solde migratoire après les contre-analyses très précises de Gourévitch, de même les auteurs du livre-rapport, jadis enclins à affirmer que l’immigration « rapportait », ont finalement donné raison à Gourévitch en reconnaissant que l’immigration pèse négativement sur les deniers publics.

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Alexandre Del Valle

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