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Pour une politique réaliste et généreuse


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L’impossible maîtrise migratoire - Partie II

« Quand il sera démontré que les uns et les autres sont incapables de l’effort et de la lucidité qui leur permettraient d’apercevoir leurs intérêts communs, quand il sera démontré que la France, entre ses machines à sous et ses appareils à slogans, est incapable de définir une politique à la fois réaliste et généreuse, alors, alors seulement, nous désespérerons. » Albert Camus, Actuelles III : Chroniques Algériennes, 1939-1958, Gallimard, 1958.

Voir la Partie I : « Je veux être traité comme un être humain »

Le temps presse. On ne peut rester les bras croisés alors que les désordres les plus divers consécutifs à cet état de fait ne peuvent que s’accélérer. Pour contribuer au déblocage de la situation, nous avons décidé de formuler des propositions concrètes.


Une immigration avantageuse pour tous est-elle possible ?
Quelles initiatives la France doit-elle prendre ?
Peut-on en finir avec la crise migratoire ?

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Nos propositions s’appuient sur l’idée de mobiliser, pour une action d’envergure, l’Union pour la Méditerranée. Organisation internationale intergouvernementale fondée en 2008 et siégeant à Barcelone, l’UpM réunit 28 États du Nord (les pays membres de l’Union européenne) et 15 États du Sud et du Proche-Orient¹. Il paraît raisonnable et réaliste d’adosser nos propositions à cette institution car elle épouse pleinement nos objectifs.

Aujourd’hui, en partie paralysée par l’instabilité politique et les tensions internationales, elle manque de grands projets mobilisateurs. Nos propositions pourraient aider ceux qui cherchent à lui rendre la dynamique qu’elle peine à trouver. Au moment où se multiplient les drames liés aux flux migratoires, l’UpM s’attellerait à un chantier porteur d’avenir, et dont nul ne peut contester ni l’utilité, ni la nécessité.

Nous proposons de responsabiliser les partenaires du Sud et du Nord  par trois moyens :

– fixer des contingents d’immigration négociés avec les pays concernés ;

– établir un modèle de contrat d’accueil en entreprise française en vue d’une réinsertion dans le pays d’origine ;

– apporter un soutien direct à la création de PME au pays d’origine.

Proposition 1 : Fixer des contingents d’immigrés

La première proposition consiste à proposer aux États du Sud la négociation régulière d’accords fixant des contingents d’immigration professionnelle en nombre et en qualification.

Ces contingents prendraient en considération les disponibilités de main-d’œuvre qualifiée présentées par les États du Sud et leurs organisations professionnelles d’une part, et, d’autre part, les besoins et les possibilités d’accueil et d’emploi formulées par les États du Nord et leurs organisations patronales, telles que le Medef ou la CGPME.

Ce serait une méprise complète de vouloir voir dans cette proposition une attitude aux relents néo-colonialistes tendant à utiliser les pays exportateurs de main-d’œuvre comme un réservoir à la disposition des économies développées. En réalité, une politique de contingents négociée sert les intérêts des deux parties. Quels sont, en effet, les secteurs d’activité européens et français demandeurs d’emplois moyennement qualifiés ? Ce sont le bâtiment, les travaux publics, l’hôtellerie et la santé. Or ce sont précisément, pour les pays du Sud, des secteurs d’avenir et créateurs d’emplois : par des accords de contingentement, ils pourront accroître la qualification de leurs forces vives et nouer des liens avec les entreprises du Nord, partenaires potentiels.

Proposition 2 : Établir un modèle de contrat d’accueil en vue de la réinsertion dans les pays d’origine

Deuxième idée : faire en sorte que les formations données, dans les pays du Nord, à des immigrés ou descendants d’immigrés ne soient plus systématiquement orientées vers un recrutement au seul profit de l’économie du pays d’accueil, mais que certaines soient destinées à la création d’activités dans le pays d’origine.

Le principe est de proposer un modèle de contrat d’accueil et d’embauche, qui déterminera les conditions d’accueil dans le pays d’accueil, les conditions d’insertion dans une entreprise de ce pays d’accueil, les avantages sociaux, le régime de visas, les conditions de logement et de regroupement familial, ainsi que les conditions de réinsertion ultérieure dans le pays d’origine à travers la création d’une PME.

L’objectif est de parvenir à ce que les transferts d’épargne en euros qui, quand ils arrivent dans le pays d’origine, sont généralement affectés à la consommation courante des familles, soient – pour tout ou partie – réorientés vers des investissements productifs dans ce pays d’origine.

Les travailleurs et les cadres originaires des pays du Sud ont souvent bénéficié de formations ne correspondant à aucun débouché dans leur pays, alors qu’ils sont souvent porteurs de projets d’entreprises, petites ou moyennes. Car un nombre plus important qu’on ne le croit d’immigrés et d’enfants ou petits-enfants d’immigrés ont le désir de créer une activité dans le pays d’origine de leur famille. Ces projets, quand ils se réalisent, sont souvent créateurs d’emplois de moyenne qualification. Par leur double culture, ceux qui les portent sont particulièrement qualifiés pour concevoir avec réalisme des entreprises adaptées aux conditions locales et aux demandes locales solvables. Et ils sont motivés à impliquer leurs familles restées au pays, et à mobiliser leurs réseaux personnels.

Proposition 3 : Soutenir directement sur place les porteurs de projets

La troisième proposition consiste à tester un soutien direct sur place aux porteurs de projets bénéficiant de la proposition 2, en s’appuyant sur le réseau international des chambres de commerce au Nord et au Sud, et sur l’ensemble des réseaux associatifs.

Les chambres de commerce des pays du Sud, ainsi que les réseaux associatifs, denses et dynamiques, qui existent dans ces pays ont, globalement, la capacité d’identifier, sur place, les hommes ou les femmes d’initiative et les projets qu’ils défendent, ainsi que la viabilité de ces projets et leur conformité avec les orientations des plans de développement nationaux ou locaux.

Cette proposition bénéficierait aussi de l’appui des chambres de commerce européennes, aptes à sélectionner les PME d’accueil, et de compléter le stage en entreprise par des sessions de formation à la gestion et à l’analyse économique.

Elle serait également soutenue par les PME européennes, spontanément accueillantes, mais aussi intéressées à saisir des occasions de cessions de technologies ou de savoir-faire. Les PME soucieuses de développement à l’international y trouveront également une occasion d’établir des réseaux de relations favorables à l’exportation ou à l’implantation au Sud.

développement et coopération avec l'Afrique

Une occasion pour la France

Sans perdre de vue la perspective européenne, la France pourrait, dans le souci de prouver le mouvement en marchant, prendre une initiative réaliste. Elle consisterait à se rapprocher, dans un premier temps, des pays du Maghreb avec lesquels, en dépit de toutes les vicissitudes politiques, elle n’a jamais cessé d’entretenir des rapports étroits. C’est avec eux, chacun le sait, que la question de la maîtrise migratoire est posée avec le plus d’acuité. La démarche implique que l’on ait testé les négociations possibles sur un tel sujet avec les responsables politiques et économiques compétents de ces trois pays. Parmi eux, nous savons déjà qu’il y a, au Maroc, des esprits sensibles à notre démarche et ouverts à une expérimentation.

La première proposition – fixer des contingents d’immigration négociés – constituerait, en raison de son inévitable résonance politique, une révolution. Mais dans l’hypothèse où un résultat, même limité dans un premier temps, était obtenu entre la France et le Maroc, comment imaginer que l’Algérie et la Tunisie n’y prêtent pas intérêt, dès lors que, dans de tels accords, les deux partenaires sont effectivement gagnants ? L’élaboration d’un mode d’application progressif de ce contingentement suppose à la fois une claire détermination politique et un grand pragmatisme dans les négociations.

La deuxième proposition – la mise en place d’un contrat d’accueil et d’embauche en vue d’une réinsertion dans le pays d’accueil – se fonderait sur la vitalité des relations existant entre la France et le Maghreb. Il faut encourager des jeunes Maghrébins ou d’origine maghrébine à se préparer, en France, à pouvoir « reconquérir » leur pays d’origine en participant à son développement par la création d’une activité répondant à la demande locale.

Mais ces initiatives individuelles n’auront de sens que par leur nombre. L’existence des nouveaux contrats d’accueil et d’embauche et les avantages qu’ils procurent à leurs bénéficiaires devront donc faire l’objet d’une forte opération de communication. Elle pourra être désignée, par exemple, sous l’appellation positive « Mille PME au pays d’origine ». L ’objectif est que l’opération soit ressentie comme puissamment mobilisatrice d’énergie.

Quant à la troisième proposition, l’idée de faire appel au réseau des chambres de commerce et au réseau associatif en France et au Maghreb, ainsi qu’au réseau des PME françaises, permettrait d’assurer un soutien direct aux activités nouvelles en plus des éventuelles subventions d’État. Elle aurait le mérite de jouer sur la proximité : les chambres de commerce locales connaissent le terrain, et peuvent en même temps servir de relais avec les chambres de commerce françaises ; les PME, en France, pourraient y trouver des possibilités d’ouverture internationale à leur exacte mesure.

Là encore, le lancement d’une telle opération nécessite d’être porté en communication. Son objet pourrait, par exemple, être popularisé sous un intitulé tel que « Mille stagiaires du développement ».

Gardons-nous du pessimisme !

Ces trois propositions, présentées ici séparément, peuvent parfaitement être appliquées séparément. Il faut pourtant souligner que leur impact serait considérablement accru et leurs effets surmultipliés si elles étaient appliquées de manière simultanée et coordonnée. D’autant plus qu’elle pourrait bénéficier d’une opération de communication conjointe.

Est-il réaliste de prétendre en finir avec « l’impossible » maîtrise migratoire ? Même les esprits les plus convaincus de sa nécessité peuvent être gagnés par le scepticisme. Et face à l’étendue du problème, les propositions faites ici pourront paraître bien dérisoires.

Pourtant, les générations qui viennent ne cesseront d’être confrontées à une situation potentiellement conflictuelle. Certes, ce sera dans des termes qui évolueront avec le temps : c’est précisément cette évolution, dont nul ne peut prophétiser ce qu’elle sera, qu’il faut vouloir rendre la plus « civilisée » possible.

Dans les moments difficiles, la France a toujours été imaginative et créative. Il lui appartient d’être fidèle à elle-même, d’affirmer son identité en retrouvant son dynamisme historique. Il lui appartient aujourd’hui de prendre des initiatives à nos yeux indispensables si nous voulons éviter, dans les décennies qui s’annoncent, des perturbations plus graves encore que celles que nous vivons aujourd’hui dans nos villes, sur les axes de communication européens de la mer Noire à la mer du Nord, et sur notre Méditerranée, au large de la Sicile notamment.

Il s’agit pour la France d’inventer et mettre en œuvre, pour l’immigration, tous les éléments d’une politique volontariste, cohérente, dynamique, respectueuse de tous. Une politique allant dans le sens de l’intérêt général de toutes les populations concernées. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, nous en sommes intimement convaincus, que l’on peut rendre possible, pour le bénéfice de tous, ce qui demeure, aujourd’hui encore, l’« impossible » maîtrise migratoire. Nos propositions ne revendiquent que le seul mérite d’y contribuer activement.

Voir la Partie I : « Je veux être traité comme un être humain »

Gérard Hannezo
Ingénieur et expert à l’ONU pour le développement industriel


¹ Instituée, non sans mal, à l’initiative de Nicolas Sarkozy, alors président de la République, l’UpM reprenait l’héritage du Protocole de Barcelone, mis en place à l’initiative de Jacques Chirac en 1976, accord qui ne concernait – d’une manière plus réaliste – que les pays riverains de la Méditerranée. L ’UpM réunit donc tous les pays de l’U.E. et 15 pays du Sud méditerranéen : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte, la Palestine, Israël, la Jordanie, le Liban, la Syrie (pour le moment stupidement suspendue), l’Albanie, la Bosnie, le Monténégro, la Mauritanie, ainsi que la Turquie et Monaco.

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