En ce début d’année, un souhait que les pouvoirs publics seraient bien inspirés de réaliser pour calmer les exaspérations fiscales : et si nous, français, prenions modèle sur certains pays européens en matière de transparence culturelle ? Si l’Espagne y arrive, pourquoi notre brillant ministère ne mettrait-il pas fin à une exception non pas culturelle mais cultuelle : le culte du secret en matière de dépenses pour l’Art dit contemporain ?
Le musée Centro del Carmen à Valence, expose, en ce début 2019, Daniel G. Andujar, un artiste d’AC. Son exposition « Sistema operativo » remixe, entre autres, des œuvres anciennes (cliquer) : nous sommes dans la banalité d’un art mondialisé. L’extraordinaire, l’inouï pour un visiteur français, ce sont les affiches dans les salles qui détaillent les frais occasionnés par l’exposition proposée au public et payée par celui-ci (car si l’entrée est gratuite, le gratuit est toujours finalement payant).
Les visiteurs espagnols ont le droit de savoir jusqu’au prix des brochures ! L’artiste est payé à l’égal du commissaire qui est devenu une sorte de co-auteur de l’œuvre (5000 euros chacun). Notons que la rétribution de l’artiste ne correspond pas à l’achat de l’œuvre proprement dite, il s’agit plutôt d’un cachet, d’un droit de monstration (l’installation une fois démontée, son concept sera remontré ailleurs). Il paraît que, pour les espagnols, cet affichage est une obligation démocratique. Pourquoi est-ce incroyable en France ?
L’administration culturelle française illustre, jusqu’à la caricature, les dérives d’une démocratie représentative devenue confiscatoire. Les fonctionnaires se targuent d’avoir reçu, in fine, leur fonction d’un élu, dès lors « l’Etat, c’est eux », et ils piochent dans les finances publiques sans vergogne : ils n’ont pas de compte à rendre au citoyen puisqu’ils agissent en son nom, pour son bien, et que, par son bulletin de vote, celui-ci a cautionné le système, le paye et est prié d’applaudir.
Tous ceux qui récriminent ne peuvent donc qu’être d’horribles anti-démocrates qui-menacent-nos-institutions. Il est comique que ce soit la Monarchie espagnole qui donne, ici, des leçons de démocratie participative à la République française.
Car le remède aux dérives d’une démocratie représentative serait d’insuffler un peu de démocratie participative. Et la participation du citoyen suppose, au minimum, de l’informer. Alors, Monsieur Riester, seriez-vous capable d’afficher le coût des pneus, genre tracteur, délicieusement recouverts d’or et juchant les rampes du grand escalier central de l’Opéra de Paris, grâce à Claude Lévêque (cliquer)¹ ?
Chacun a conscience que le décor du Palais Garnier manquait un peu de faste routier mais, cher M. le Ministre, le citoyen aimerait comprendre pourquoi la Galerie Kamel Mennour rime avec toujours en matière d’expos dans des lieux de prestige ; qui choisit, où sont les « concours » ou « appels à projets » ? Qui sont les glorieux sponsors : les pneus restant une année, se pourrait-il que ce soit… Goodyear ?!
Christine Sourgins
¹ L’artiste en pneus, qui ne manque pas d’air, vient de signer une tribune de solidarité avec les Gilets jaunes… au milieu d’autres personnalités de l’art contemporain.