Colonnes de Buren au Palais Royal à Paris
Auteur de l’article
  Historienne de l’art, spécialisée dans l’étude du milieu de l’art dit « contemporain » et du système qu’il a engendré, elle est l’auteur d’un livre de référence : Les mirages de l’Art contemporain aux éditions de la Table Ronde, réédité en 2018 avec un supplément, « Brève histoire de l’Art financier ». Elle a collaboré à de nombreuses revues : « Conflits actuels », « Liberté politique », « écritique » etc. Elle appartient au comité de rédaction de la revue Commentaire et anime un blog avec une lettre d’information depuis 2009.
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Bataille pour le Palais-Royal


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La Burénisation de l’espace public

A l’échelle de la ville était une manifestation du Ministère de la Culture pour la mise en valeur de l’art urbain. Un « street-artist » avait donc été invité à dialoguer avec la cour d’honneur du Palais-Royal, dont Daniel Buren, qui, depuis plus de 30 ans, emplit le vide à coup de colonnes tronquées. Cette initiative a mis Dany en fureur au point d’écrire aux services de Mme Françoise Nyssen, pour demander « au nom du droit moral, à ce que l’œuvre soit retirée ».  L’affaire est révélatrice d’une génération, celle de 68, qui après avoir censuré les aînés au nom de sa liberté censure les cadets au nom de sa rente de situation.

Le jeune artiste invité aurait-il eu le front de faire péter des couleurs vives en rupture avec l’austérité burénienne ? Pas du tout : le « street-artist », dénommé Le module de Zeer proposait un jeu de bandes imprimées d’un graphisme noir et blanc délicat, cerclant sept colonnes et décroissant en tonalité : c’était strict, plutôt bien pensé par rapport au lieu et à l’œuvre de Buren, avec surtout, avantage insigne sur ce dernier, l’élégance d’être éphémère. Rien à voir avec l’occupation permanente et onéreuse¹ des lieux par les cylindres rayés du sieur Daniel.

Maître Buren aurait-il pris ombrage des horizontales du Module de Zeer défiant ses verticales ? Buren aurait-il parfaitement compris qu’accepter de partager l’espace avec un artiste contemporain c’est en subir d’autres à coup sûr, selon la logique de l’exposition provisoire qui dure, en se renouvelant sans cesse ?

Même pas : Buren a vu rouge… parce qu’il n’a pas été prévenu !

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Le ministère allait-t-il promptement remettre en place celui qui, non content de coloniser le Palais Royal, entend coloniser l’espace public, et son calendrier ? Que nenni : le ministère a fait profil bas, s’est couché devant le colonel Buren : l’œuvre de Module de Zeer fut décrochée le 18 mai. « Nous sommes le ministère de la propriété intellectuelle et artistique, donc du droit moral des auteurs et [des] créateurs […] il y a une question d’exemplarité ». Autrement dit, en haut lieu, on a toujours pas compris que les artistes (et leurs galeries et collectionneurs) qui prétendent disposer du bien public, devraient payer pour occuper les lieux historiques et non pas être payés pour cela !

Mais de qui Buren est-il le nom pour dicter ainsi ses quatre volontés au ministère ? Buren serait-il une réincarnation du père UBU, dont le ventre est marqué d’une spirale noire et blanche ? Rien de plus absurde, en effet, que de s’octroyer le droit de dialoguer avec le passé et de refuser ce même droit à la jeune génération. Si le Module de Zeer porte atteinte au travail antérieur de Buren, tous les artistes d’art contemporain qui interviennent « en rupture » dans les monuments historiques malmènent le droit d’auteur des artistes anciens (et Buren le premier !) : pourquoi le Ministère ne fait-il pas diligence ? Mais contrairement à Daniel Uburen, les morts ne râlent pas très fort.

Faut-il en déduire que ces colonnes sont, à l’échelle de la ville, l’équivalent d’aiguilles d’envoûtement ? Le dispositif du Palais Royal aurait zombifié un ministère, aux ordres du grand manitou rayé. Il paraît qu’il s’en est fallu de peu que Mme Nyssens comparaisse pieds nus, en chemise et la corde au cou. Dans sa repentance y aurait-il eu quelque(s) dédommagement(s)… au frais du contribuable ?

Christine Sourgins
www.sourgins.fr


¹ Le coût de la restauration : 5,3 millions d’euros pour le ministère de la Culture (plus 500.000 euros de mécénat de compétence par le groupe Eiffage). « C’est beaucoup plus cher que l’achat de la pièce qui avait coûté à l’Etat un peu plus d’un million d’euros » reconnaissait  Buren en 2010 : cliquez


Le livre de Christine Sourgins, Les mirages de l’Art contemporain, est disponible en librairie depuis le 24 mai, avec cinquante pages supplémentaires sur l’Art financier.

Les Mirages de l'art contemporain, réédition

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