Rencontre entre Hitler et Pétain en 1940
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La face cachée de Pétain


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L'autre histoire du Maréchal

Dans un État occupé après une défaite cinglante, la moitié Nord du pays sous tutelle étrangère, un gouvernement contrôlé et des lois imposées, quelle fut la place du dirigeant français ? Maréchal Pétain et gouvernement de Vichy, même combat ? Une collaboration nécessaire ou traîtresse ? Perte d’honneur ou sacrifice salutaire ?

Un dilemme cornélien

9 juin 1940. Face à l’offensive allemande, le Conseil des ministres débute son exode en Touraine, puis à Bordeaux. Celui-ci hésite toujours face au dilemme capitulation/armistice. En effet, certains considèrent la capitulation comme un déshonneur militaire, car c’est capituler en rase campagne et surtout demeurer complètement étranger aux actes de l’ennemi victorieux dans son propre pays. D’autres soulignent cependant l’engagement de la France vis-à-vis des Britanniques de ne pas négocier avec l’ennemi.

Après quelques jours, le maréchal prend la décision (appuyée par le commandant en chef de l’armée) de l’armistice. Elle est motivée par le souci de l’économie de la vie des hommes, ne voulant pas réitérer les sacrifices de la Première Guerre mondiale, et par la volonté de ne pas laisser l’ennemi commander en maître dans un pays abandonné par son gouvernement. « Il est impossible au gouvernement, sans déserter, d’abandonner le territoire. Le devoir du gouvernement est, quoi qu’il arrive, de rester dans le pays. Priver la France de ses défenseurs naturels dans une période de désarroi général, c’est la livrer à l’ennemi. » C’est donc avec une majorité, et sous certaines conditions, que la voie de l’armistice est choisie. Par exemple, la non-livraison de la flotte et la liberté de l’Afrique du Nord sont non-négociables.

Un militaire qui sortait du lot

Il paraît opportun de rappeler ici en quelques mots la personnalité du maréchal à l’aune de quelques faits biographiques qui éclaireront ses agissements ultérieurs. Élève à l’école de guerre, puis professeur dans cette même école, il se distingue notamment par son sens profondément humain, prônant l’importance de la vie des soldats. Ses prises de positions contre les charges à la baïonnette ou autres offensives meurtrières lui attirent d’ailleurs le mécontentement de la hiérarchie. En effet, affirmant que « le feu tue » et prenant ouvertement le contre-pied de ses supérieurs (septembre 1913, Général Gallet), il se fait remarquer par ce souci de la vie humaine. En 1914, il s’apprête à prendre sa retraite, à 58 ans.

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Survient la Grande Guerre où, là encore, il se distingue par son humanité reconnue. Il s’oppose farouchement à Nivelle au sujet de l’économie du sang des hommes, et c’est pour cette raison qu’il le remplace après la tragédie du chemin des Dames. À Verdun, les hommes campent sur leur position et accumulent les pertes depuis plusieurs mois, lorsque le Maréchal arrive sur les lieux et s’empare du problème. Il décide alors de rétablir l’ordre (en faisant des exemples) et surtout de remonter le moral des hommes, accordant des permissions, limitant les offensives et, quand elles ont lieu, leur durée.

Une reddition âprement négociée

Son souci de la vie des hommes a toujours tenu une grande place dans les prises de décisions de Pétain. C’est dans le même esprit qu’il choisit l’armistice, appuyé par la majorité. Cet armistice n’est donc pas un accord de paix de facilité. La négociation n’est pas aisée, mais la France parvient à sauver les intérêts qu’elle avait posés comme nécessaires à l’accord :

  • L’Allemagne ne devra pas s’étendre au-delà des limites alors atteintes
  • La zone Sud gardera une armée de 100 000 hommes
  • L’Afrique du Nord (avec une armée de 120 000 hommes) ne sera pas touchée
  • La France gardera sa flotte (désarmée) que l’Allemagne s’interdit « solennellement » d’utiliser ou de négocier lors de traités.

Sur ce dernier point, la garantie est d’ailleurs donnée aux Britanniques qu’elle se sabordera plutôt que de tomber aux mains des Allemands. Il convient ici de noter que c’est par l’intermédiaire de l’amiral Darlan que cela s’est fait, nom qui réapparaîtra par la suite dans les tentatives successives de dialogues avec les puissances occidentales.

C’est là qu’intervient Pierre Laval. Alors que le gouvernement  cherche quelqu’un pour faire l’intermédiaire avec l’Allemagne, Laval, les idées claires et décidées, propose le lieu de Vichy, puis « propulse » les textes législatifs pour l’instauration de l’État français, officialisé par les chambres de l’Assemblée avec une très large majorité (569 voix contre 80, et 18 abstentions). Mais le maréchal se montre sceptique vis-à-vis de ce personnage, choisi notamment pour son expérience politique, l’air décidé, mais se conciliant un peu trop aisément à son goût avec l’ennemi. La position du Maréchal, exprimée lors de son allocution aux Français puis développée par la suite, est constante : épargner le plus possible ses concitoyens malgré la présence de l’ennemi et maintenir le dialogue avec les États-Unis et la Grande-Bretagne dans l’attente de la libération, qu’il souhaite au plus vite.

C’est dans cet esprit qu’il missionne l’amiral Darlan en Afrique du Nord pour représenter sa pensée et y faire venir la flotte dès que possible, la préservant de tout agissement allemand en cas de violation de l’armistice. Cet ordre secret donnait ainsi le temps à la France d’Afrique de reconstituer ses forces matérielles (avec le général Weygand) et à la France métropolitaine d’atteindre le même objectif (qui est secrètement couvert par l’armée de l’armistice).

Le Maréchal présente son programme en 3 points :

  • Une réforme de l’enseignement et de l’Éducation
  • L’établissement d’une Charte du Travail
  • La création de la Corporation paysanne

Il annonce alors vouloir ménager l’ennemi pour régler « les problèmes urgents qui nous assaillent : rapatrier les millions de réfugiés ; empêcher la famine ; libérer les navires de commerce bloqués dans les ports ; administrer le pays ; le ramener au calme et au travail ; obtenir, au moins partiellement, la libération des prisonniers qui végètent dans les camps d’Allemagne et pour lesquels le Maréchal aura toujours une compassion particulière » (discours d’introduction d’André François-Pontet à l’Académie Française).

Ménager pour préserver

Au début, l’ennemi allemand se montre conciliant en permettant la libération de bateaux de commerce, l’équipement des forces africaines, la construction d’avions, l’usage de la radio… Mais, par la suite, l’Allemagne nazie se permet des violations de l’armistice : joug allemand de plus en plus important dans les deux zones, tribut excessivement lourd, taxes commerciales… Le Maréchal proteste, d’abord par des notes écrites, puis par des refus réitérés de payer le tribut. Il tient ensuite à rencontrer directement Goering pour lui exprimer de manière très claire son mécontentement.

Cependant, Pétain est très soucieux de préserver coûte que coûte le quotidien des Français et a peur que ses actions ne compromettent leur confort. Il agit donc avec précaution. Si Laval, qui lui est quasi-imposé, mène une politique antibritannique, lui ne cesse de dialoguer avec Londres par intermédiaires secrets.

Le Maréchal arrivera tout de même à instaurer une paix sociale, à améliorer les conditions de vie des Français, notamment en construisant les bases de la sécurité sociale. Il œuvre aussi pour les prisonniers français en Allemagne, pour lesquels sont organisés beaucoup de collectes et autres formes de soutien, et se bat pour leur rapatriement.

On tiendra principalement rigueur à Vichy de l’envoi de travailleurs en Allemagne et des rafles de Juifs. Mais, dans une telle situation, était-il souhaitable de ne pas signer d’armistice et laisser l’ennemi maître chez nous et donc imposer ses lois ? A titre de comparaison, en Belgique — à cause de l’absence de gouvernement —, entre 75% et 90% des Juifs (selon les estimations) ont péri dans les camps, quand 10% des Juifs français sont morts. De même, l’État français a préféré opérer lui-même les opérations pour les limiter.

Lors de la rafle de Vincennes, tant citée, la gendarmerie française, et non pas une police allemande, a conduit l’opération pour prouver l’existence de l’ordre français dans son propre pays. C’est dans le même esprit que Pétain a interdit le port de l’étoile juive en zone libre. Concernant le travail en Allemagne, la France a également décidé de conduire les opérations, épargnant ainsi les femmes et envoyant moins de 500 000 travailleurs, au lieu des 2 000 000 exigés.

En collaborant, l’État français n’était donc pas animé par la volonté délibérée de signer avec l’ennemi pour se ranger de son côté (ce qui aurait en effet souillé l’honneur français) ; il souhaitait au contraire épargner au plus la population en attendant (et œuvrant pour) la libération.

Résistance camouflée

Cependant, Laval imagine la France construire la nouvelle Europe avec l’Allemagne contre les États-Unis et la Grande-Bretagne, ce qui n’est pas du tout la vision du Maréchal. Les tensions s’accroissent et les violations allemandes de l’armistice deviennent intenables. C’est dans ce contexte tendu à l’extrême que Pétain rencontre Hitler. Le Maréchal refuse la présence de Laval à Montoire, dont on retiendra, à tort, la poignée de main (où la main s’est laissée prendre plus qu’elle ne l’a serrée…).

L’entrevue a en fait été très difficile, le Maréchal exigeant l’assouplissement du joug allemand, le retour des prisonniers, l’armement pour la défense efficace de l’outre-mer, etc. Il doit simultanément traiter avec l’Allemagne, être le plus exigeant possible avec elle, calmer Laval, dialoguer avec Londres… En décembre 1940, excédé par Laval, Pétain le congédie brusquement. Mais, malgré sa politique hypocritement antibritannique pour faire les yeux doux aux Allemands, Laval lui est imposé au bout d’un an.

Fin 1942, les Américains débarquent en Afrique du Nord. Si le Maréchal intime haut et fort (pour être entendu par les Allemands) de résister à ce débarquement, il donne un ordre secret à Darlan : les troupes françaises arrêtent immédiatement le combat et appuient les Américains de toutes nos forces armées. Hitler, hors de lui, viole la démarcation et envoie ses panzers sur Toulon. L’ordre est alors donné à la flotte française de se saborder, évitant qu’elle ne tombe aux mains de l’ennemi.

Malgré le contrôle des nazis, Pétain ose cette fois protester ouvertement contre l’attitude allemande sur les ondes de la radio. C’est alors l’escalade entre l’Allemagne, qui augmente son emprise, et le Maréchal, qui défend les intérêts français. Le joug allemand en zone libre est désormais omniprésent, et tous les proches du maréchal le supplient de partir en Afrique du Nord. Cependant, lui s’obstine à « rester à la barre pendant la tempête ».

L’Allemagne impose alors ses lois en France, mais on empêche le Maréchal de connaître la réalité du terrain. Soupçonnant quelque chose, il donne des ordres secrets à l’amiral Auphan : s’il n’est plus en état de gouverner (s’il n’est plus libre, par exemple), celui-ci devra reprendre la direction du pays et prendre immédiatement contact avec la France Libre. Les Allemands veulent en effet constituer le Maréchal prisonnier ; ce dernier refuse catégoriquement, annonçant qu’il ne se rendra qu’à la force. Et c’est quelques jours plus tard que les portes barricadées de son appartement sont défoncées et qu’un détachement allemand le conduit à Belfort.

Ainsi, désireux de préserver les Français et de collaborer pour obtenir le plus possible de l’ennemi tout en gardant le contact avec Londres, Pétain aura réussi jusqu’à ce les Allemands lui soit demandent l’inacceptable. C’est le refus de cet inacceptable qui lui vaudra d’être incarcéré. Lorsqu’il apprend son procès, il ne veut pas être accusé de vouloir se dérober à l’étranger et obtient son transfert en Suisse. Il rejoint alors la France, où il est immédiatement arrêté, malgré les offres d’hébergement nombreuses qu’on lui a faites juste avant la frontière. Aussitôt incarcéré en France, le procès le condamnera à mort, puis à la prison à perpétuité sur l’île d’Yeu.

César Baudot


Sources

  • http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/philippe-petain
  • « Philippe Pétain devant l’histoire et la patrie » (André Figueras)
  • Discours radiodiffusés du Maréchal
  • universalis.fr
  • Récit de Sisley Huddleston sur son interview du Maréchal (Dans son livre Avec le Maréchal, 1948)
  • http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-dandre-francois-poncet, souvent proposée comme référence historique pour son objectivité.
  • ina.fr
  • Procès du maréchal Pétain : https://criminocorpus.org/fr/bibliotheque/doc/1825/
  • Allocution (unique) du Maréchal lors de son procès : https://bibliothequedecombat.wordpress.com/2014/03/31/declaration-du-marechal-petain-lors-de-sonproces-1945/
  • ADMP (Gal Weygand, Revue papier Le Maréchal, sources de doc historiques Échanges épistolaires entre le maréchal et Héring)

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