Homme priant devant le mur des Lamentations à Jérusalem
Auteur de l’article
Parallèlement à son cursus universitaire en Sciences politiques et Relations internationales, Alexandra a renforcé sa rigueur analytique en travaillant pour le ministère des Armées. Passionnée par l’Océan, l’Orient et l’Histoire, elle s’évade au gré des expositions parisiennes et des livres chinés deçà-delà. Dès qu’elle le peut, elle voyage en quête de nouvelles cultures, de grands espaces et de sites de plongée insolites : autant de sources d’inspiration pour ses articles.
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1897 : l’émergence du Foyer National Juif


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Le conflit israélo-palestinien - Partie I

La reconnaissance officielle de Jérusalem comme capitale d’Israël par l’Administration Trump marque un tournant majeur dans l’Histoire du Moyen-Orient. Une occasion de revenir sur les quatre événements clefs qui ont mené à la création d’Israël et dont c’est l’anniversaire cette année. Première partie.


Pourquoi les juifs migrent-ils ?
Qu’est-ce que le sionisme ?
Qui est Theodor Herzl ?


Accéder aux autres parties :

II – 1917 : deux projets pour une terre

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III – 1947 : la concrétisation du rêve sioniste

IV – 1967 : le début d’une guerre sans fin

V – 2017, Jérusalem : l’effet Trump

« L’an prochain à Sion »

Les années 1870 marquent le début de la première mondialisation. Les réseaux de chemin de fer relient désormais l’Europe orientale et l’Europe occidentale, d’où partent des navires à vapeur à destination des mers du monde entier. Les biens, les hommes et les idées s’exportent. Mais le siècle de la Révolution industrielle est aussi celui des pogroms et de l’affaire Dreyfus.

Désireux de ne plus subir les législations discriminatoires dont ils font les frais, de plus en plus de juifs issus de Russie et de Roumanie s’exilent vers l’Europe occidentale. Un grand nombre d’entre eux décide de s’embarquer vers les « pays neufs » qui manquent de main-d’œuvre : le continent américain dans son ensemble, mais aussi l’Afrique du sud et l’Australie, deviennent les terres d’accueil de ces migrants. À cet égard, l’Europe compte 7 000 000 de juifs au XIXe siècle. 2 500 000 quittent la Russie tsariste entre 1881 et 1908, quand 2 000 000 partent depuis l’Europe centrale entre 1899 et 1914. Naturellement, l’intensification des persécutions et l’émergence du nationalisme favorisent les premières revendications étatiques juives. Toutefois, bien que momentanément envisagées, l’Afrique et l’Amérique ne semblent guère se prêter à l’établissement de ce nouvel État.

En 1862, dans Rome et Jérusalem – La Dernière Question nationale, Moshé Hess émet le souhait de créer un État juif en terre de Palestine. Sensible à la démarche du philosophe juif allemand, Léon Pinsker, médecin juif d’Odessa, va plus loin : en 1881, il crée le mouvement Les Amants de Sion, du nom de l’une des sept collines de Jérusalem. Un an plus tard, il publie Auto-Émancipation. Le leitmotiv « l’an prochain à Jérusalem » devient alors un véritable projet politique.

Mais pourquoi la Palestine ? Pour comprendre les revendications sionistes, il faut remonter à des temps très anciens… Dans l’Ancien Testament, Yahvé promet à Abraham de lui offrir la terre de Canaan, au XVIIIe siècle avant notre ère. Il faut attendre Moïse (XIIIe siècle) pour que le Peuple élu parvienne sur cette « Terre promise ». Ce séjour est néanmoins éphémère.

Les Philistins, un peuple de marins venus de Crète, envahissent la terre qui prend alors le nom de Palestine. Au terme d’une lutte sans merci avec les autres populations locales, les descendants d’Abraham et de Moïse créent Israël (« Celui qui a lutté avec Dieu »). La tradition juive attribue à David la fondation de Jérusalem en 1000 avant J.-C. Pourtant, deux siècles plus tard, c’en est déjà fini de son royaume, tombé aux mains des Assyriens. Perses et Romains envahissent à leur tour la terre si convoitée.

En 638, les Arabes déferlent sur la Palestine. Ils y resteront jusqu’à nos jours.

Bâle et l’apparition de l’Organisation sioniste

En 1894, le journaliste austro-hongrois Theodor Herzl est profondément choqué par l’affaire Dreyfus. Il écrit l’État des juifs en 1896, dans lequel il défend la création d’un « Foyer national juif » (Jewish Homeland) sur la terre qui a brièvement appartenu aux premiers Israéliens trois mille ans auparavant. Fort du soutien des Montefiore et des Rothschild, il organise des réunions historiques à Bâle le 29 août et le 3 septembre 1897. À cette occasion, deux cents sionistes créent l’Organisation sioniste, ou mouvement sioniste. De nombreux Russes de confession juive se joignent à cette Organisation dirigée par des juifs allemands et autrichiens. Très vite, le recrutement s’élargit. Au sujet de ce premier congrès sioniste, Theodor Herzl écrit dans son journal intime : « À Bâle, j’ai fondé l’État juif. Si je le disais à haute voix, il y aurait un éclat de rire général. […] dans cinquante ans sûrement, tous l’admettront. » L’avenir lui donnera raison.

À partir de Bâle, les choses s’accélèrent. La Banque coloniale juive voit le jour à Londres en 1899. La même année est fondée la Jewish Colonization Association (ICA)¹, à laquelle Edmond de Rothschild offre les 25 000 hectares de terres agricoles palestiniennes qu’il a acquis depuis 1882. En 1901, les sionistes créent le Fonds National Juif (FNJ), dont la mission est de réunir des subsides pour acheter de nouvelles terres en Palestine. Theodor Herzl écrit alors au sujet des Palestiniens : « Nous devons les exproprier gentiment, un processus d’expropriation doit être accompli à la fois secrètement et avec prudence. »

L’émigration en Terre Promise s’accentue au tournant des XIXe et XXe siècles. L’ensemble de la communauté juive en Palestine, le Yichouv², s’élève à 25 000 habitants à la fin du siècle industriel. Ceux qui sont issus de la Russie et de l’Europe de l’Est forment ce que l’on appelle les Ashkénazes. Bientôt, les juifs du bassin méditerranéen se mettent également à faire leur alya, (leur « montée » en hébreu), autrement dit leur émigration en Palestine. Ces derniers sont appelés Séfarades.

Les premières victoires du lobbying sioniste

En 1898, Theodor Herzl obtient un rendez-vous avec Guillaume II (1888-1918). De par ses relations étroites avec l’Empire ottoman et sa bonne entente avec la communauté juive du Reich, l’empereur allemand pourrait devenir le protecteur du futur État juif… Séduit par cette idée, Guillaume II se rend à Constantinople en 1901. Il offre alors à Abdul Hamid II (1876-1909) de racheter la Palestine, mais celui-ci regimbe. Herzl continue sa tournée des Puissances. Il se tourne vers le Premier ministre britannique Arthur Balfour (1902-1905), fervent lecteur de la Bible. Bien que touché par la cause sioniste, Balfour craint d’offenser la Russie, protectrice des Lieux saints chrétiens d’Al Qods (« La Sainte » en arabe, c’est-à-dire Jérusalem), ou d’éveiller l’animosité des Français, impliqués dans le Levant depuis l’expédition de Napoléon III au Mont-Liban en 1860. Le Secrétaire britannique aux Colonies, Joseph Chamberlain, prend donc le parti du compromis. Il propose à Herzl la région d’El-Arish (dans le Sinaï égyptien) en 1902, puis l’Ouganda (Kenya actuel) en 1903.

Néanmoins, le tenant du sionisme politique s’entête. L’État juif en Palestine doit être « un poste avancé de la civilisation, un rempart de l’Europe contre l’Asie, la barbarie ». Theodor Herzl rencontre le Pape Pie X en 1904, mais sa santé s’est dégradée et il meurt la même année, à l’âge de quarante-quatre ans.

Le fer de lance de la cause sioniste disparu, ses acolytes décident de former un Comité exécutif pour piloter l’Organisation sioniste. Si le lobbying ne rencontre plus un grand écho auprès des Puissances, la création de nouvelles colonies juives se poursuit. En 1908, les membres de l’Organisation sioniste créent la Palestine Land Development Company (PLDC), laquelle dépend du FNJ.

Le premier kibboutz voit le jour l’année suivante ; il s’agit d’une exploitation agricole de forme coopérative dans le cadre duquel est mis en place une vie communautaire. Un nombre croissant de juifs, dont de nombreux militants issus de la fédération russe du mouvement sioniste ou des Amants de Sion, sont charmés par l’idée de s’y installer. David Gryn fait son alya en 1906. Il deviendra célèbre sous le nom de David Ben Gourion.

Ainsi, la Palestine est un nouvel Eldorado à conquérir. Pour donner corps à ce rêve, les brochures diffusées par l’Organisation sioniste feront émerger le mythe d’une « terre sans peuple pour un peuple sans terre ».

Accéder aux autres parties :

II – 1917 : deux projets pour une terre

III – 1947 : la concrétisation du rêve sioniste

IV – 1967 : le début d’une guerre sans fin

V – 2017, Jérusalem : l’effet Trump

Alexandra Nicolas


¹ A l’issue de la Première Guerre mondiale, cette organisation se rebaptise Palestine Jewish Colonization Association (PICA).

² Yichouv signifie « installation » ou « population » en hébreu.


Sources :

  • MIHAELY Gil (automne 2017). « Une villa dans la jungle. Israël au Moyen-Orient » Conflits, Décomposition et recomposition du Moyen-Orient, Hors-série n°6, p. 53-55
  • CHARBIT Denis (janvier 2017). « Le Sionisme. La promesse d’une terre pour la diaspora juive. » Le Monde la Vie, L’Atlas des Utopies. Hors-série, p. 90-91
  • Le monde diplomatique, SAND Shlomo : « Déconstruction d’une Histoire mythique, Comment fut inventé le peuple juif », [en ligne], publié en août 2008, consulté le 16/12/2017 : https://www.monde-diplomatique.fr/2008/08/SAND/16205
  • Le monde diplomatique, LAURENS Henry : « De Theodor Herzl à la naissance d’Israël », [en ligne], publié en avril-mai 2008, consulté le 16/12/2017 : https://www.monde-diplomatique.fr/mav/98/LAURENS/18052
  • Les clefs du Moyen-Orient, ROMEO Lisa : « Sionisme et création de l’Etat d’Israël », [en ligne], publié le 04/10/2010, consulté le 16/12/2017 : http://www.lesclesdumoyenorient.com/Sionisme-et-creation-de-l-Etat-d.html
  • Les clefs du Moyen-Orient, KRUSE Clémentine : « Mont-Liban (1840-1860) », [en ligne], publié le 09/03/2012, consulté le 16/12/2017 : https://www.monde-diplomatique.fr/mav/98/LAURENS/18052

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