La reconnaissance officielle de Jérusalem comme capitale d’Israël par l’Administration Trump marque un tournant majeur dans l’Histoire du Moyen-Orient. Après être revenu sur les quatre événements clefs qui ont mené à la création d’Israël, un décryptage de l’actualité permet de clore cette série.
Quel est le tournant politique opéré par Obama ?
Pourquoi Trump a-t-il déplacé l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem ?
Quel est l’impact de cette décision sur le processus de paix ?
Accéder aux autres parties :
I – 1897 : l’émergence du Foyer National Juif
II – 1917 : deux projets pour une terre
III – 1947 : la concrétisation du rêve sioniste
IV – 1967 : le début d’une guerre sans fin
Un processus de paix avorté
Le 1er mai 2016, le Hamas rend public son programme politique, au sein duquel il annonce qu’« un Etat palestinien entièrement souverain et indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem pour capitale, […] est une formule de consensus national ». Si elle se refuse toujours à reconnaître l’Etat d’Israël, l’organisation réputée pour son intransigeance et ses méthodes musclées accepte dès lors l’idée d’un Etat palestinien dans les limites de la Ligne verte¹, issue des accords bilatéraux de 1949. Il ne s’agit donc plus de revendiquer les territoires alloués par l’ONU en 1947 et perdus à l’issue de la Nakba. Par ailleurs, le document insiste sur le fait que le Hamas est « en conflit avec le projet sioniste et non avec les juifs en raison de leur religion ».
Cette ouverture est toutefois ignorée par l’Etat hébreu. Le Cogat (l’organe du ministère israélien de la Défense en charge des territoires de Cisjordanie et de la Bande de Gaza) juge en effet que le Hamas « se moque du monde en essayant de se présenter, via ce soi-disant document, comme une organisation éclairée ». Pour Tel-Aviv, on ne dialogue pas avec les terroristes. En signe d’inflexibilité, peu avant l’anniversaire de la guerre des Six-Jours, la ministre de la Culture israélienne, Miri Reguev, arpente fièrement le tapis rouge avec sa robe Jérusalem-Est, où figure le Haram al-Sharif, désormais annexé.
Prenant acte de ces tensions, le Quartet (Union européenne, ONU, Etats-Unis, Russie) publie un rapport inquiétant sur la question israélo-palestinienne le 1er juillet 2016. D’une part, celui-ci condamne les 250 attaques palestiniennes ayant provoqué la mort de 30 Israéliens depuis octobre 2015 et tance la propagande haineuse du Fatah et du Hamas sur les réseaux sociaux palestiniens. D’autre part, il dénonce la colonisation israélienne dans les Territoires, où la démolition des infrastructures palestiniennes est systématiquement suivie d’un afflux de colons – dont le nombre a augmenté de 80 000 entre 2009 et 2014.
Dans un souci d’apaisement, l’Egypte d’Al-Sissi propose alors un texte à l’ONU en décembre suivant, mais Trump, récemment élu, la convainc de le retirer. Quatre membres du Conseil de Sécurité décident tout de même de donner une chance à l’initiative, à savoir la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, le Sénégal et le Venezuela. La résolution 2334 du Conseil de Sécurité somme l’Etat juif de cesser « immédiatement et complètement » la colonisation des Territoires occupées. Elle « réaffirme » en outre que les « faits accomplis » établis par Israël dans ces Territoires depuis 1967 n’ont « aucun fondement en droit. » Ce faisant, elle s’inscrit dans la suite de la résolution 465, adoptée en 1980 (malgré le vote contre américain), qui déplorait « la décision du gouvernement israélien de soutenir officiellement l’établissement israélien dans les territoires palestiniens et arabes occupés depuis 1967 ».
Ainsi, les Etats signataires proclament leur attachement à la « solution à deux Etats », c’est-à-dire à la reconnaissance d’un Etat palestinien vivant à côté de celui d’Israël. Une solution de fait incompatible avec la poursuite des « implantations » israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, où la présence de 590 000 colons entrave la création d’un Etat palestinien viable sur ces territoires. A cet égard, Samantha Power, ambassadrice américaine à l’ONU, signale à l’attention du Premier ministre israélien qu’« on ne peut en même temps défendre l’expansion des colonies israéliennes et une solution à deux Etats ».
Cela dit (à la demande notamment de Paris et Washington), la résolution prend également en compte les plaintes de l’Etat hébreu, dans la mesure où elle condamne sans équivoque « tout acte de violence, y compris les actes terroristes » et « les appels à la haine ».
Votée le 23 décembre 2016 à quatorze voix et une abstention (celle des Etats-Unis), la résolution 2334 marque une rupture dans le soutien inconditionnel des Américains à Israël depuis la promesse Ford. En effet, dans une lettre expédiée à Tel-Aviv le 1er septembre 1975, celui-ci a scellé un accord secret qui astreint les Etats-Unis à toujours agir en concertation avec Israël dès qu’il est question du conflit israélo-palestinien. Un engagement réaffirmé par Carter lorsqu’il promet « de ne pas dicter les termes de la paix à Israël au Conseil de Sécurité ».
Sans surprise, si le président palestinien Mahmoud Abbas approuve ce « coup sévère contre les politiques israéliennes », Benjamin Netanyahou déclare que l’Etat hébreu « rejette cette résolution honteuse et ne s’y conformera pas. » Il blâme le « vieux monde empreint d’hostilité contre Israël » et fustige l’Administration Obama, coupable d’un « oketz » (« coup pourri »). Danny Danon, ambassadeur israélien à l’ONU déplore de son côté une « victoire pour le terrorisme, la haine et la violence », jugeant cette résolution incompatible avec « la possibilité d’une paix ». Les accusateurs omettent cependant l’« engagement sans précédent pour la sécurité d’Israël » (dixit Samantha Power) de l’Administration Obama, qui a signé un accord de défense sur dix ans d’un montant de 38 milliards de dollars avec l’Etat juif.
Cela étant, la résolution n’a pas été adoptée sous le chapitre VII, qui permet de recourir à la force pour assurer la paix et la sécurité. Il ne peut donc y avoir la moindre sanction à l’encontre d’Israël. D’autant que Trump s’empresse de tweeter que « les choses seront différentes après le 20 janvier ».
Néanmoins, cinq jours avant son arrivée à la Maison-Blanche, la seconde conférence pour la paix au Proche-Orient s’ouvre à Paris. Selon Jean-Marc Ayrault, alors ministre français des Affaires étrangères, l’« objectif commun […] est celui d’une paix équitable et durable entre les deux pays ». Devant les représentants de 75 Etats, Monsieur Ayrault évoque la nécessité de « préserver la solution des deux Etats », dans la lignée de la résolution 2334, et rappelle la « responsabilité collective […] de parvenir à amener Israéliens et Palestiniens à se remettre autour d’une même table pour négocier. »
Initialement, Paris comptait organiser un entretien en présence de Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahou à l’issue du sommet, mais ce dernier a réprouvé l’initiative. Tel-Aviv rejette en effet toute ingérence de la communauté internationale dans le conflit israélo-palestinien. Pour le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, cette conférence n’est ni plus ni moins qu’« une version moderne du procès Dreyfus avec l’État d’Israël et le peuple juif sur le banc des accusés ».
Le poids du lobby pro-Israël sur la politique américaine
Aux Etats-Unis, un lobby est une organisation pourvue d’un statut légal défini. Elle est dotée d’un organe de direction, d’un budget, de locaux, de salariés… et vise à influencer la prise de décision politique, tant au niveau du Congrès qu’au sein du Bureau ovale.
Si les lobbys des amis d’Israël aux Etats-Unis sont légions, deux d’entre eux ont manifestement joué un rôle significatif dans la décision de Trump. Créé en 1948 sous le nom d’American Zionist Committee For Public Affairs, l’American Israel Public Affairs Committee bénéficie d’une aura déterminante dans la politique américaine. En 2013, il emploie 396 personnes et dispose d’un budget de 77 000 000 de dollars (exclusivement des dons privés). Véritable empire, il opère également via les quelques soixante-dix organisations qui lui sont affiliées. Agissant depuis sa création en vue de pérenniser l’alliance établie entre Israël et les Etats-Unis, l’AIPAC prend part aux travaux des Congressmen, allant jusqu’à élaborer des propositions de lois et de résolutions débattues ultérieurement. Il nomme également des membres au sein des cabinets des élus et contribue aux campagnes des hommes politiques venus lui prêter allégeance, notamment en coordonnant les dons des juifs américains à leur égard. Par ailleurs, son président, David Victor, rassemble les différents bienfaiteurs de l’organisation lors de conférences fastueuses. A l’occasion de la conférence annuelle de l’AIPAC à Washington, les donateurs (souvent de hauts responsables politiques) sont classés par couleur en fonction du montant de leurs dons. De nombreuses personnalités prestigieuses y ont pris part, tel Shimon Pérès, Benjamin Netanyahou, Joe Biden, John Kerry, les époux Clinton, Barack Obama… Dès lors, l’AIPAC peut exercer un droit de regard sur le Congrès et veiller au maintien d’une politique américaine favorable à Israël.
De nombreux média sont également contrôlés par le lobby des amis d’Israël aux Etats-Unis, qui tend à privilégier les opinions pro-sionistes dans l’espace public. A noter que l’AIPAC s’oppose à un autre groupe de pression juif, le J Street² (fondé en 2008), qui milite pour que la politique américaine facilite une résolution pacifique du conflit israélo-palestinien, et donc la mise en œuvre de la two-state solution.
L’AIPAC travaille de concert avec la Conférence des Présidents, fondée en 1956. Ce lobby comprend 52 organisations – notamment l’AIPAC, dont un des membres dirige de droit la Conférence des présidents. Si l’AIPAC se charge du Congrès, la Conférence des Présidents se consacre à l’Exécutif. Naturellement, à chaque élection présidentielle les concurrents se bousculent pour recevoir la bénédiction de ces organisations influentes. Soucieux de maximiser leurs chances, en 2016, les candidats à la magistrature suprême, qu’il s’agisse de Ted Cruz, de John Kasich ou d’Hillary Clinton, se sont tous engagés à garantir la sécurité de l’Etat hébreu³.
Donald Trump a toutefois su se démarquer de ses adversaires en s’engageant à faire de la ville des Hiérosolymitains la capitale officielle d’Israël. Ce faisant, il sait qu’il touche la corde sensible du peuple de David. Si les chrétiens et les musulmans se tournent d’abord vers Rome ou La Mecque, Jérusalem est l’unique Lieu saint dont se réclament les juifs. Selon la tradition, le Temple de Jérusalem a été érigé par Salomon à l’endroit-même où Abraham sacrifia un bélier à la place de son fils Isaac. Depuis la destruction de ce premier monument sacré par le roi babylonien Nabuchodonosor en 587 av. J-C, les juifs ont pour habitude de commémorer ce deuil le jour de leur mariage. En vertu d’un rituel immuable, les époux brisent un verre et déclarent : « Si je t’oublie Jérusalem, que j’oublie ma [main] droite. »
Leader du Likoud, Netanyahou défend l’idée d’Eretz Israel, c’est-à-dire le « Grand Israël » biblique des rois Saül, David et Salomon, qui comprendrait notamment l’ensemble des Territoires occupés, et approuve d’autant plus la victoire de Trump. Les adeptes du Goush Emounim (« Bloc de la foi », la droite nationaliste religieuse), sont eux aussi ravis de voir Obama quitter le Bureau ovale.
L’impact de la décision de Trump
Donald Trump est résolu à mettre un terme aux norias de dérogations ayant empêché l’application de la loi de 1995, qui impose le déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem. Une fois Président, il a tôt fait de nommer David Friedman, farouche opposant à l’existence d’un Etat palestinien, ambassadeur en Israël.
Fort du soutien du Congrès, Trump intime à son Secrétaire d’Etat de « préparer le déménagement de l’ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem » le mercredi 6 décembre 2017. Cette démarche permet au Président régulièrement conspué de prouver aux Américains qu’il va au bout de ses engagements de campagne. En outre, anticipant sa réélection, Trump compte sur cette décision pour gagner les voix de la droite chrétienne évangélique des Etats-Unis, viscéralement pro-israélienne, comme l’explique l’historien Vincent Lemire : « ils sont occidentalistes, mais c’est aussi ancré dans leurs croyances religieuses : certains pensent vraiment que l’existence d’Israël a un rôle important dans le retour du Messie ». Par ailleurs, historiquement, les Etats-Unis eux-mêmes croient en leur « Destinée manifeste », notion selon laquelle ils ont été choisis par Dieu pour répandre la civilisation et la démocratie vers l’Ouest. Ils sont dès lors plus réceptifs à l’idée de « Terre promise » ou d’Eretz Israel. Cette polémique permet de surcroît à Donald Trump d’éclipser l’inculpation de son Conseiller à la Sécurité nationale, Michael Flynn, en lien avec l’affaire russe.
Sans surprise, les réactions ne se font pas attendre. Après la prière du vendredi, 1500 Stambouliotes se rassemblent pour scander « Jérusalem est notre honneur » ou « A bas l’Amérique, à bas Israël ! ». Au même moment, à Téhéran, des milliers d’Iraniens désignent Trump comme « le responsable de tous les crimes » et brandissent des pancartes professant « la disparition d’Israël ». Les Irakiens clament « Jérusalem est à nous », les Jordaniens que « Jérusalem est la capitale de la Palestine ». Le vice-représentant égyptien Abbas Shoman s’insurge : « De quel droit donnez-vous la terre d’un peuple qui ne vous appartient pas ? ». Afghanistan, Pakistan, Indonésie et Malaisie sont également secoués par des manifestations hostiles à l’Amérique. Pour sa part, Ahmed Abul Gheit, le chef de la Ligue arabe, déplore une décision qui « ne servira pas la paix et la stabilité » mais « au contraire, […] nourrira le fanatisme et la violence ».
Plus radical, le nouveau chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, appelle les Palestiniens à un nouvel Intifada (« soulèvement ») dans une harangue prononcée à Gaza. Indigné, il soutient qu’« Israël n’a pas d’existence sur la terre de Palestine. » Le Hamas bénéficie de l’appui du Hezbollah, dont le leader, Hassan Nasrallah, juge que « La réponse la plus importante serait un soulèvement palestinien et un sommet islamique qui déclarerait Jérusalem capitale éternelle de la Palestine […] ».
Appelés à se soulever le 8 décembre, les Palestiniens ne se sont cependant pas montrés aussi zélés qu’en 1987 et en 2000. En effet, d’après un sondage du Centre palestinien, seuls 45% d’entre eux se déclarent favorables à l’Intifada. Pour le directeur de l’Institut, Khalil Shikaki, cette mobilisation de moindre ampleur pourrait aussi être liée à l’efficacité des forces de sécurité israéliennes. Les manifestations ont toutefois causé la mort de huit Palestiniens et fait des centaines de blessés. Le Hamas a alors exhorté les Arabes à transformer les jours de prières (vendredi) en « journée[s] de rage ». Cela dit, en dépit des paroles exaltées voire guerrières, les Etats de la région savent qu’un passage à l’acte leur coûterait très cher. La rhétorique anti-israélienne est souvent un moyen pour les gouvernants, notamment iraniens et saoudiens, de brandir le flambeau de la cause musulmane et a fortiori de (tenter de) s’affirmer en tant que leader du Moyen-Orient… Pour d’autres, il s’agit simplement d’acquérir une image positive auprès du peuple qu’ils dirigent.
Du côté israélien, au contraire, on se réjouit de la décision américaine. Netanyahou qualifie le 6 décembre de « jour historique », à l’instar du CRIF, qui invite Emmanuel Macron à suivre son homologue américain dans sa « démarche courageuse ». « Surpris », le Président français se refuse à imiter le choix « regrettable » de Trump. Au Royaume-Uni, Theresa May s’oppose également au Président républicain, arguant que « Jérusalem devrait être […] la capitale partagée des Etats israélien et palestinien » et que « Jérusalem-Est [fait] partie des territoires palestiniens occupés ».
Le 21 décembre, 128 pays membres de l’ONU votent la résolution A/ES-10/L.22, intitulée Mesures illégales israéliennes à Jérusalem-Est occupée et dans le reste du territoire palestinien occupé, proposée par le Yémen et la Turquie. Cette dernière condamne la reconnaissance d’Al-Qods comme capitale d’Israël par les Etats-Unis, et ce malgré les menaces de sanctions financières proférées par Trump à l’encontre des défenseurs de la résolution. Le porte-parole de Mahmoud Abbas salue « cette décision [qui] réaffirme que la juste cause des Palestiniens bénéficie du soutien du droit international » et nourrit toujours l’espoir de construire un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale.
Cela dit, l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, assène que « Les Etats-Unis se souviendront de cette journée qui les a vus cloués au pilori devant l’Assemblée générale pour le seul fait d’exercer […] leur droit de pays souverain ». Trump d’ajouter : « Laissez-les voter contre nous, nous économiserons beaucoup ». Ce nouveau coup de pression illustre la position du Président, qui « voit les Relations internationales comme faites de rapports de force et de « deals » à conclure », selon Vincent Lemire. Si Trump précise que « Les États-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix acceptable pour les deux parties », il est conscient qu’une telle décision entrave de fait toute possibilité de dialogue entre les deux antagonistes.
D’autant qu’en reconnaissant officiellement une situation acquise manu militari, Trump tourne le dos à la doctrine Stimson et au sacro-saint principe du droit international public (énoncé à l’article 2, paragraphe 4 de la Charte des Nations-Unies) de l’interdiction du recours à la force « contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État ». Si la première Puissance mondiale, membre permanent du Conseil de Sécurité, accepte de fermer les yeux sur les plus graves violations des règles du DIP, comment garantir le respect des frontières à l’avenir ?
Ce précédent risque en outre d’être suivi par d’autres gouvernements, en premier lieu ceux des pays clients des Etats-Unis et ceux ayant bénéficié d’aides israéliennes. Il très probable que des Etats tels la Bolivie, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l’Uruguay – enfin tous ces pays qui ont été contraint de déménager leur ambassade à Tel-Aviv après le vote de la résolution 478 (qui rendait illégal au regard du DIP l’édification de Jérusalem en capitale israélienne) – se décident à suivre Trump, lequel ne manquera pas de leur accorder son soutien. Le Guatemala a d’ailleurs ouvert la voie en annonçant le transfert de son ambassade le 24 décembre. A cet égard, la vice-ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Hotovely, se targue d’être « en contact avec au moins dix pays dont certains en Europe ».
L’objection de la communauté internationale étant la seule entrave à l’annexion israélienne, il sera très difficile pour les Palestiniens de revendiquer leurs droits sur Al-Qods si de nombreux Etats décident d’ériger une situation de fait en situation de droit.
L’emprise d’Israël sur Jérusalem pourrait en outre entamer son statut de « Ville trois fois sainte ». D’un lieu partagé par les religions du Livre, témoignage de la proximité entre judaïsme, christianisme et islam, Al-Qods deviendrait le symbole des luttes et des déchirements. Surnommé « le catholique musulman », zélateur du dialogue entre les trois religions, Louis Massignon disait pourtant que « Pour connaître l’autre, il ne faut pas se l’annexer mais devenir son hôte. »
Accéder aux autres parties :
I – 1897 : l’émergence du Foyer National Juif
II – 1917 : deux projets pour une terre
III – 1947 : la concrétisation du rêve sioniste
IV – 1967 : le début d’une guerre sans fin
Alexandra Nicolas
¹ La « frontière de 1967 » est parfois appelée ainsi en raison de la couleur avec laquelle on trace cette ligne sur les cartes annexées aux accords.
² Ce lobby inspire la création du JCall (European Jewish Call for Reason) en 2010, favorable à un accord bilatéral entre Palestiniens et Israéliens, lequel permettrait la mise en œuvre de la « solution à deux Etats ».
³ En France, le 22 février 2017, de nombreux candidats à la présidentielle se sont rendus au dîner annuel du CRIF, principale instance de représentation des juifs de France. Parmi eux se trouvaient notamment Benoît Hamon, François Fillon et Emmanuel Macron – Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon n’étaient pas invités.
Sources :
- L’Humanité, LORENZO Clément : « Jérusalem. L’ONU condamne à une large majorité la décision américaine », [en ligne], publié le 21/12/2017, consulté le 02/01/2018. URL : https://humanite.fr/jerusalem-lonu-condamne-une-large-majorite-la-decision-americaine-647755
- France info, BOY Louis : « Quatre questions sur la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par Donald Trump », [en ligne], publié le 06/12/2017, consulté le 13/01/2018. URL : https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/donald-trump/quatre-questions-sur-le-possible-transfert-de-l-ambassade-americaine-a-jerusalem-par-donald-trump_2500421.html
- Le Figaro, AFP agence : « Donald Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël », [en ligne], publié le 06/12/2017, consulté le 13/01/2018. URL : http://www.lefigaro.fr/international/2017/12/06/01003-20171206ARTFIG00293-donald-trump-reconnait-jerusalem-comme-capitale-d-israel.php
- RT, avec AFP, « Le Hamas accepte pour la première fois l’idée d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967 », [en ligne], publié le 02/05/2017, consulté le 02/01/2018. URL : https://francais.rt.com/international/37776-hamas-accepte-1ere-fois-etat-palestinien-frontires-1967
- Le Monde, SEMO Marc : « Résolution à l’ONU sur les colonies israéliennes : un signal politique fort mais symbolique », [en ligne], publié le 26/12/2016, consulté le 02/01/2018. URL : http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/12/26/la-resolution-a-l-onu-sur-les-colonies-israeliennes-un-signal-politique-fort-mais-symbolique_5054119_3218.html
- France 24, avec AFP : « Conférence de paix de Paris : le ministre israélien Avigdor Lieberman dénonce « un procès Dreyfus »», [en ligne], publié le 27/12/2016, consulté le 02/01/2018. URL : http://www.france24.com/fr/20161227-avigdor-lieberman-ministre-israel-appelle-juifs-france-quitter-france-dreyfus