C’est l’explosion : plus de 37 % des Français souhaitent devenir entrepreneurs et 62 % des 18-24 ans rêvent de monter leur entreprise. La start-up est devenue le nouvel eldorado professionnel, un phénomène de société. On compterait ainsi pas moins de 10 000 start-ups en France. Après tout, ne suffit-il pas d’une bonne idée pour devenir riche ? Pourtant, dans ce bain d’optimisme national, les chiffres rappellent durement à la réalité.
Pourquoi est-il si difficile de devenir rentable ?
Comment le gouvernement entrave-t-il entrepreneuriat ?
Barrière à l’entrée : la fiscalité
Il n’y a, à ce sujet, aucun mythe, aucun cliché. Les entreprises sont soumises à une multitude d’impôts et de taxes, dont les plus redoutées restent les cotisations sociales.
Sur un document de comptabilité prévisionnel, c’est souvent la ligne qui scelle à l’avance le destin de l’entreprise, ou l’empêche même d’aller plus loin. Les cotisations, à elle seules, font pratiquement doubler le coût de l’emploi : 73 % du salaire net (précédemment 82% avant la mise en place du Crédit Impôt Compétitivité Emploi de François Hollande). Pour 1 000 € payés au salarié, c’est 1 730 € que l’entreprise doit débourser, avant impôts. Or, beaucoup d’impôts se basent sur un calcul au prorata de la masse salariale, c’est-à-dire le total des salaires bruts payés par l’entreprise. Parmi les impositions les plus courantes, on compte ainsi : la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), jusqu’à 20 % sur chaque vente, et la contribution économique territoriale (CET), elle-même composée de la cotisation foncière des entreprises (CFE) et de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CAE), mais aussi : la taxe d’apprentissage, la contribution à la formation professionnelle continue, la participation des employeurs à l’effort de construction, la contribution sociale de solidarité sur les société ou encore la taxe sur les véhicules de fonction.
Plus une entreprise a de salariés, plus les coûts deviennent intenables. Ceci implique pour une start-up de devenir extrêmement rentable et de dégager des bénéfices importants pour pouvoir survivre aux trois années probatoires : la fameuse « vallée de la mort ». Bénéfices qui seront bien entendu imposés à hauteur de 33 % par l’impôt sur les sociétés.
On ne s’étonnera donc pas que 74 % des start-ups affichent des pertes.
Les amis sont des ennemis
Surprise. Contrairement aux idées véhiculées par l’intense campagne de communication du gouvernement, celui-ci n’agit pas en ami des entrepreneurs.
D’une part, la suppression de l’Impôt sur la fortune, en place dès cette année, décourage l’investissement des Business Angels (investisseur engageant des fonds à l’amorçage de l’activité). Les fonds provenant, pour la plupart, d’une niche de l’ISF. Ce serait ainsi, selon Le Monde¹, pas moins d’un milliard d’euros en investissement qui disparaîtraient du secteur.
Comprenez, les investisseurs avaient la possibilité de défiscaliser l’ISF à hauteur de 45 000 € pour un investissement total de 90 000 € dans l’économie chaque année. Les start-up seront ainsi privées de leur source première de financement. Avant cela, le manque de financement était déjà responsable d’un tiers des faillites de start-ups.
D’autre part, en septembre dernier, le gouvernement a mis en place le prélèvement forfaitaire unique (PFU) à hauteur de 30 %, censé s’appliquer à l’ensemble des revenus du capital. Dès lors, la revente d’une entreprise à succès sera bien moins intéressante, l’État s’octroyant le tiers du butin. La réussite devient bien moins fructueuse que l’on aurait pu le croire.
Mais dans quel camp se trouve le gouvernement ?
Mathieu Ulmann
¹ http://www.lemonde.fr/economie/article/2018/01/20/les-start-up-pleurent-la-fin-de-l-impot-sur-la-fortune_5244530_3234.html
Sources :
- Les Jours, EYCHENNE Alexia, « Les start-up ne sont pas éternelles » [en ligne], publié le 19/02/2018 : https://lesjours.fr/obsessions/start-up/ep10-premieres-start-up/
- 1001 Startups, « Les chiffres clefs des startups en France » [en ligne] : http://1001startups.fr/chiffres-cles-startups-france/
- Capital, BOUYSSOU Julien, « Surprise, les créateurs de start-up seront davantage taxés en 2018 » [en ligne], publié le 27/09/2017 : https://www.capital.fr/votre-argent/createurs-de-start-up-vous-pourriez-bien-etre-les-futurs-pigeons-de-macron-1246557
- Le Figaro, HEIDSIEK Louis, « Les jeunes français veulent créer leur entreprise » [en ligne], publié le 31/10/2016: http://etudiant.lefigaro.fr/les-news/actu/detail/article/les-jeunes-francais-veulent-monter-leurs-entreprises-21919/