Dépasser le clivage, éviter la récupération politique, et pourtant parler de la chose : voilà qui est devenu ardu quand il s’agit d’immigration. Pourtant une réflexion apaisée est possible, hors de tout jugement, dans l’optique d’une écologie de l’humain et de la Nation.
Partie I : Peut-on faire confiance à l’INSEE ?
Partie II : Le nouveau visage du choc des civilisations ?
L’Aide au développement en question
Le gouvernement Macron entend accroître l’aide au développement – nous sommes cinquièmes au monde après les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Japon. Notre contribution est de 9 milliards d’euros, certes encore en deçà de l’objectif de l’OCDE de 0,7% du RNB – ce que les ONG ne manquent pas de rappeler à l’Etat français.
Ceci dit, en 2006 déjà, deux chargés de recherche au Center for Global Development critiquaient ce calcul, notamment parce que cette « cible » s’appuyait sur « une fraction statique de l’économie des pays riches » et non les besoins des pays destinataires, et se basait ainsi sur un indicateur « dénué de rapport avec la question ».
Il faudrait être complètement inhumain pour n’être pas touché par la détresse des réfugiés, en particulier celle des enfants. Mais au-delà de cette émotion, de la compassion, et avant même de rappeler que la France compte déjà (selon les chiffres du gouvernement) 3 millions d’enfants pauvres avec des effets constatés sur l’apprentissage et le développement, la santé, et que la maltraitance infantile touche près d’un Français sur quatre, il faut comprendre qu’émotion et responsabilité sont deux choses différentes, et que, d’ailleurs, elles n’incombent (pour autant qu’on soit sommé d’être ému) pas aux mêmes instances.
Le rôle du politique est la préservation de la sécurité nationale, la défense de l’Etat-Nation, de ses valeurs et de ses habitants-citoyens nationaux, avant toute chose. L’intérêt froid des nations prime par conséquent sur l’émotionnel, qui est même dangereux s’il devient le gouvernail du politique.
Le jeu des extrêmes ?
Assez de candeur, on sait que quand on entend cette phrase « n’avez-vous pas peur de faire le jeu de… », il s’agit toujours de « l’extrême-droite », comme si l’extrême-gauche, toujours meurtrière et bien plus présente dans les phénomènes de violence extra-anti-parlementaire, n’était pas encore plus dangereuse et actuelle.
Tout se passe donc comme si, malgré un siècle « d’expériences » socialistes désastreuses, l’opinion et nos dirigeants ne devaient toujours pas craindre et reprocher à qui que ce soit de « faire le jeu de l’extrême-gauche », cette même extrême-gauche révolutionnaire marxiste dont l’impunité vient justement du fait qu’elle instrumentalise l’émotionnel, et fait de « l’antifascisme » et de « l’antiracisme » les justifications d’une immigration massive, incontrôlée présentée comme seule façon de racheter des fautes « colonialistes », « esclavagistes » et « collaborationnistes » passées.
Bref, l’Occident honni coupable de tous les maux, à commencer par la France piégée par son universalisme droit-de-l’hommiste subverti, ne pourrait trouver un chemin d’expiation, comme l’Allemagne d’ailleurs, qu’au travers d’une auto-submersion démographique et civilisationnelle qui était déjà redoutée dans les années 1970 par le grand démographe Alfred Sauvy. Ce dernier avait en effet préconisés aux responsables gaullistes de l’époque qu’une immigration non choisie et trop exclusivement islamo-africaine aboutirait à une catastrophe démographique, civilisationnelle et sécuritaire qui commence à devenir indéniable, y compris pour les âmes sensibles les plus « tolérantes ».
Quid des citoyens ?
On peut gloser encore longtemps sur le bien-fondé du ras-le-bol des citoyens : il n’empêche qu’il est là. Il est, lui aussi, de l’ordre de l’émotion, mais cette « émotion »-là a été présentée et caricaturée par nos élites mondialisées et bobos (les Italiens disent « radical-chic ») comme « une passion triste », un relent de « racisme », une porte d’entrée pour les « populismes » ou même un retour de la « peste brune »…
Les électeurs français hostiles à l’immigration acculturante et extra-européenne incontrôlée qui ont tenté de porter le débat de l’immigration au début de l’aventure rebelle des Gilets Jaunes ont d’ailleurs été comparés à des « lépreux », et on leur a bien gentiment conseillé de la boucler, à commencer dans les médias qui ont dès le commencement de l’aventure des Gilets Jaunes coupé la parole aux « leaders » jaunes qui parlaient de l’immigration au début et ont depuis lors été remplacés par des portes-paroles de plus en plus « acceptables »…
Qu’on le veuille ou non, et n’en déplaise aux élites bourgeoises-moralisatrices anti-lépreux qui résident dans des quartiers très blancs, très sûrs et non islamisés, l’immigration – telle que la vivent des millions de Français et Européens « de souche » – a des effets délétères très concrets sur l’équilibre de la société. Il serait dangereux d’ignorer la dimension géo-civilisationnelle du problème migratoire, faute de quoi, les Orbán et les Salvini se multiplieront partout et ces élites libertaires-mondialistes de gauche ou bobos seront balayées par le désir des peuples de survivre.
Parce qu’elle touche à l’identité et à l’instinct de survie même des peuples et à la pérennité des Nations, la question migratoire n’est pas anodine, secondaire, comme le pensent les militants « sociaux ». Elle n’est pas détachable de la question de la paupérisation, puisque l’immigration de masse favorise la baisse des salaires des autochtones et pèse sur les comptes publics. Elle est éminemment civilisationnelle, c’est-à-dire existentielle, et elle reviendra au centre des élections européennes et de la prochaine élection présidentielle, tel un boomerang ou un retour du refoulé identitaire. Nicolas Sarkozy avait raison de dire en 2006, « une identité humiliée est une identité radicalisée ». Un avertissement exprimé par les Gilets Jaunes et les populistes européens.
Partie I : Peut-on faire confiance à l’INSEE ?
Partie II : Le nouveau visage du choc des civilisations ?
Alexandre Del Valle