Danse macabre, 2022
Elles dansent, ils dansent
Au bord du gouffre,
Protégés, croient-ils
Protégées, croient-elles
Par leurs coussins d’argent
Leurs billets long courrier,
Et leurs murailles de Chine mondialisées.
La planète brûle, la planète hurle,
La planète étouffe,
Le monde meurt mais qui s’en émeut ?
Some say the world will end in fire,
Some say in ice.
Le feu avale des contrées proches
L’eau avale des contrées lointaines
L’air est lourd dans les poumons
Elles dansent, ils dansent
Au bord du gouffre,
Ils/elles se moquent des extinctions,
Ils/elles peuvent encore acheter
Le lait de l’inconscience
Et les films d’évasion.
Elles/ils regardent ailleurs et s’amusent
Amusing ourselves to death,
Le thermomètre monte, l’air se conditionne
L’océan monte, les réserves de riches
Peuvent s’éloigner des côtes cassées.
Ils/elles ne croient plus à la mort
Ils/elles croient avoir acheté l’avenir,
Leurs espoirs se comptent en dollars,
Leurs nouveaux dieux se nomment
Cryogénisation et fuite dans l’espace,
La déesse fusée et le dieu glace couronnent le cynisme.
Elles dansent, ils dansent
Au bord du gouffre,
Notre planète s’éteint
Elles/ils cherchent d’abord des enclaves,
Des résidences protégées,
Barrières et yeux électroniques,
Puis si l’incendie dépasse les clôtures,
Si l’inondation empêche les avions,
Si l’air pestilentiel entre dans leurs narines
Ils/elles pensent encore pouvoir
Coloniser la science et les autres galaxies.
C’est toute notre Histoire avec sa grande hache :
Détruire puis fuire loin des dégâts.
Les plus gras comptes en banque
Ne sauveront plus personne.
Il faudrait se réveiller.
Elles dansent, ils dansent
Au bord du gouffre,
The world is their oyster
Dévoration, fête sans fin,
Ruine de l’âme.
Comment les riches détruisent la planète.
Non, non inutile d’attendre,
La conscience ne viendra pas
Et jamais n’arrêtera
La chute dans le néant.
La planète méprisée et piétinée
Prépare son ultime évanouissement.
Death by drought, fire and floods.
Pierre Guerlain