Le traditionnel rally de fin d’année n’aura pas lieu. Les marchés américains sont eux aussi rentrés en territoire baissier. Le Père Noël boude les marchés financiers. Autrefois, le Père Noël était supposé ne passer que pour les enfants sages. Il faut croire que les investisseurs n’ont pas été suffisamment sages pour recevoir des cadeaux du ciel.
Jeffrey Gundlach, fondateur et dirigeant de DoubleLine Capital sur CNBC, désigné par Barron’s en 2011 comme le nouveau « roi de l’obligataire » et qui gère 123 Mds$, pense effectivement que les autorités et les investisseurs ont fait de grosses bêtises.
« Je pense que nous voilà dans un marché baissier. […] Je pense que cela va durer longtemps. Parce que je crois que nous sommes dans une situation qui est très inhabituelle – que nous augmentons le déficit budgétaire de façon spectaculaire, si tard dans le cycle alors que la Fed remonte les taux. […]
Le problème est que la Fed n’aurait pas dû laisser les taux si bas pendant si longtemps. Le problème est que nous ne devrions pas avoir de taux d’intérêt négatifs comme nous les avons encore en Europe. Nous n’aurions pas du faire du quantitative easing qui est de la cavalerie financière ».
Trop de bêtises, pas de cadeaux. Pire, la punition risque d’être saignante — à la hauteur de la double erreur qui consiste à croire que :
- Accroître la quantité de monnaie augmente la richesse alors que c’est l’inverse : c’est l’augmentation de la richesse qui conduit à l’augmentation de la monnaie. Mettre la charrue avant les bœufs n’a jamais permis de récolter quoi que ce soit.
- Des technocrates sont à même de piloter la quantité de monnaie et son prix quand il s’agit du crédit. Le contrôle des prix n’a jamais marché — même lorsque les incartades étaient punies de peine de mort, comme l’a tenté l’empereur Dioclétien en son temps.
Traditionnellement dans un marché baissier, il faut se tourner vers le cash, c’est-à-dire aujourd’hui les emprunts d’Etat. Ils sont réputé zéro risque, être l’abri du rentier.
Comment le cash, les liquidités, sont devenus de la dette
La monnaie est au carrefour de l’économie et de la politique, c’est pour cela que les pouvoirs en place désirent tant la contrôler. Ils aiment la contrôler pour pouvoir la multiplier et assouvir leurs ambitions démesurées.
Ces ambitions démesurées étaient des palais, des guerres, des conquêtes, dans le cas de pouvoirs autoritaires. Aujourd’hui, les ambitions des social-démocraties et des Etats-providence s’appellent redistribution, « justice sociale » et maintenant « justice fiscale ». Tout ceci coûte cher (beaucoup plus que des palais) et demande beaucoup de fausse monnaie, de crédit bidon.
L’Etat-providence a abouti à ce que des gens effrayés par la liberté, la responsabilité et le moindre risque deviennent des législateurs tout puissants. Des ignares ont tout pouvoir sur des techniques et des sciences qu’ils n’ont jamais étudiées, des industries dans lesquelles ils seraient incapables de travailler. Des gens incapables de diriger leur vie personnelle prétendent diriger celle des autres.
Désormais, le pouvoir se conquiert et se conserve par des fausses promesses financées par de l’argent bidon. En dix minutes d’allocution, Macron a distribué 10 Mds€.
La chimère du rendement sans risque
Toute inégalité est-elle nécessairement injuste ? Qui décide de la redistribution, de ce qui est juste ou injuste, au nom de quoi ?
Il est d’usage d’opposer les investisseurs et les rentiers. Les premiers auraient du rendement en prenant des risques. Les seconds auraient du rendement sans risque. Traditionnellement on range dans la première catégorie les actionnaires et dans la seconde les investisseurs en emprunts d’Etat. Mais le rendement sans risque est une autre chimère. Tout prêt comporte un risque.
Autrefois, l’épargnant qui voulait zéro risque conservait de l’or (de la monnaie marchandise contrôlée par personne) pour stocker son pouvoir d’achat dans la durée.
Les pouvoirs ont éliminé la monnaie marchandise qu’ils ne pouvaient pas contrôler pour la remplacer par de la monnaie-crédit qu’ils contrôlent ; ils prétendent que les emprunts d’Etat sont à risque zéro car garantis par des contribuables dociles.
Sauf que l’épisode des gilets jaunes montre que les contribuables semblent de moins en moins dociles…
Simone Wapler