Dernièrement, on en a vu certains resurgir : ces vieux animaux de la politique qui n’en finissent pas de revenir. François Hollande s’entretient par des petites phrases critiques à l’égard de son successeur en attendant de se recycler au Conseil de l’Europe¹, Nicolas Sarkozy a été aperçu au Sénat, est même apparu au 20 heures, Jean-Marie Le Pen a longuement fait parler de lui pour la sortie de ses Mémoires, Manuel Valls s’est trouvé un nouveau combat² ; quant à François Bayrou, ses mains s’agitent en coulisses³.
Qu’est-ce qu’une névrose ?
Les hommes politiques en ont-ils les symptômes ?
Peut-on faire de la politique sans être névrosé ?
Une névrose est un trouble mental qui s’exprime par un dysfonctionnement du système nerveux avec des troubles du comportement dont le sujet est douloureusement conscient, mais sur lequel il n’a aucune prise. Le trouble mental provient le plus souvent d’un traumatisme psychique qui remonte à l’enfance. Des conflits (familiaux, socioculturels) non résolus et refoulés dans l’inconscient sont souvent alors à l’origine de ces traumatismes.
Or, selon le psychanalyste Jean-Pierre Friedman dans son livre Du pouvoir et des hommes, le profil psychologique des hommes (et des femmes) politiques tient à deux points récurrents :
— Une relation presque fusionnelle avec la mère, d’ailleurs à l’origine du narcisse intérieur. Tandis que la relation paternelle est plus conflictuelle ou distante et pousse le sujet à vouloir prouver à tout prix ce dont il est capable.
— La personnalité mégalomaniaque, qui émerge des causes précédentes, poussée par la volonté de marquer l’Histoire, de voir son nom appris et transmis, en restant si possible au pouvoir.
C’est Bruno Le Maire, l’actuel locataire de Bercy, qui déclarait en 2016⁴ : « Les deux névroses les plus courantes en politique, c’est le narcissisme, évidemment, et la haine de soi. Le pouvoir c’est la guérison de la haine de soi ». Difficile alors de ne pas voir l’homme politique comme un malade et le pouvoir comme son exutoire. Guérit le jour de son élection ; récidive au moment du départ. La traditionnelle dépression postministérielle peut s’expliquer ainsi.
Cette analyse permettrait d’enterrer une bonne fois pour toute l’idée selon laquelle, quel que soit le type d’organisation politique, n’importe qui peut s’élever du peuple et prendre le pouvoir en son nom.
Au contraire, on s’aperçoit qu’il faut un profil bien spécifique pour s’y intéresser et d’autant plus pour en aimer les effets pervers. Au point d’en avoir besoin.
Les hommes politiques, tous accrocs ?
Marie Lipowski
¹ http://www.bfmtv.com/politique/et-si-francois-hollande-briguait-la-presidence-du-conseil-europeen-1084987.html
² https://www.ladepeche.fr/article/2018/03/25/2766694-manuel-valls-faut-etudier-interdiction-salafisme-pays.html
³ https://www.ladepeche.fr/article/2018/04/05/2773984-francois-bayrou-homme-souffle-oreille-macron.html
⁴ http://lelab.europe1.fr/pour-bruno-le-maire-les-hommes-politiques-sont-depressifs-ou-alcooliques-3195236