Dimanche 13 janvier, Emmanuel Macron rendait publique sa « lettre aux Français ». Acte de lancement du grand débat national censé recueillir les doléances des Français et répondre à leurs attentes après plusieurs mois de contestations intenses.
Dans sa lettre, le Président de la République a souhaité concentrer les débats sur quatre sujets particuliers et en restituer les problématiques :
– La fiscalité et les dépenses publiques
– L’organisation de l’Etat et des services publics
– La transition écologique
– La démocratie et la citoyenneté
Seulement, tout en finesse, il est arrivé que la réponse se glisse avant la question. Emmanuel Macron nous suggère-t-il de suggérer des points qu’il a déjà tranché ?
La fiscalité et les dépenses publiques
« Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace ?
Quels impôts faut-il baisser à vos yeux en priorité ? »
A l’issu d’un important paragraphe sur les bienfaits et les revers de la fiscalité, Emmanuel Macron semble demander l’avis des Français. Cependant, il ne les questionne pas ici sur leur avis en matière de quantité puisque la décision semble déjà prise : il y aura des baisses d’impôts. Il s’agit plutôt de décider desquels.
Premier message subliminal donc : il nous faut suggérer une baisse de la fiscalité et décider de quels services nous pouvons nous passer en priorité.
L’organisation de l’Etat et des services publics
« Y a-t-il trop d’échelons administratifs ou de niveaux de collectivités locales ? »
Le goût peu prononcé du Président pour l’inertie administrative est notoire. Lors de la présidentielle de 2017, il avait proposé la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat.
En nous suggérant de demander plus de proximité avec nos élus par la simplification des échelons, c’est plusieurs niveaux de fonctionnaires qui pourront être réaffectés ou licenciés, entérinant de cette manière la baisse de la dépense publique.
La transition écologique
« Comment finance-t-on la transition écologique : par l’impôt, par les taxes et qui doit être concerné en priorité ? »
« Et en même temps… »
A la manière de Nicolas Sarkozy qui avait, à la suite de son élection en 2007, successivement baissé les impôts puis inventé plus de 30 nouvelles taxes sur son mandat, Emmanuel Macron suggère ici l’invention ou l’augmentation d’un prélèvement. Il n’envisage donc pas de financer la transition écologique avec des recettes existantes réaffectées ou par des moyens détournés tels que le secteur privé.
Nous demander conseil sur l’attribution de ce nouvel impôt, c’est nous le faire accepter tacitement.
La démocratie et la citoyenneté
« Quelle est la bonne dose de proportionnelle aux élections législatives pour une représentation plus juste de tous les projets politiques ? »
La démocratie participative a le vent en poupe. La récente médiatisation du RIC et l’essence même du grand débat national en sont la preuve : le peuple aspire à être inclus dans le processus décisionnel de l’Etat. Le président ira donc dans ce sens : il y aura une dose de proportionnelle. Reste à définir dans quelle mesure, afin qu’elle ait un impact signifiant.
En faisant mine de consulter, Macron semble imposer. Chercherait-il à appliquer son programme ?