Procès de Radovan Karadzic en Ex-Yougoslavie
Auteur de l’article
Le Général (2S) Dominique Delawarde est ancien chef « Situation-Renseignement-Guerre électronique » à l'état major interarmées de planification opérationnelle.
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Ex-Yougoslavie : un tribunal partial ?


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Retour sur Srebrenica : « deux poids-deux mesures »

Par jugement du 20 mars 2019, Radovan Karadzic, est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Aucune vraie surprise à première vue. Mais en y regardant de plus près, un témoignage capital de 2005, celui du général canadien Lewis MacKenzie, commandant de la Force de l’ONU à l’époque des faits, met en évidence un « deux poids- deux mesures » du jugement, flagrant et choquant à la fois, et conteste, à juste titre, certains aspects de la « vérité médiatique » devenue « vérité historique ».

Ayant servi à Sarajevo très peu avant les faits (hiver 1994-1995), puis à nouveau quatre ans après (lors de l’enquête 1999-2000), je suis en mesure de confirmer certains aspects de ce témoignage.

Que nous dit le général MacKenzie ?
MacKenzie nous donne trois éléments clefs :

1 – Le contexte : Avant le « massacre », Naser Oric, jeune chef bosniaque (musulman) de vingt-cinq ans prend, en 1992, le commandement du secteur de Srebrenica. De 1993 jusqu’à juillet 1995, il entreprend une série de raids et de massacres dans des dizaines de petits villages serbes autour de la ville pour étendre son territoire. Le montant total des pertes infligées aux serbes est, selon MacKenzie, au moins égal à celui des pertes bosniaques imputables au massacre de Srebrenica et ce sont ces actions bosniaques répétées et meurtrières qui ont suscité la réaction militaire serbe sur Srebrenica en 1995, réaction qui a débouché sur un massacre « de revanche ».

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Cette partie du témoignage de MacKenzie est confirmée par le général français Morillon lorsqu’il déclare : « Dans la nuit du Noël orthodoxe, nuit sacrée de janvier 1993, Naser Orić a mené des raids sur des villages serbes… Il y a eu des têtes coupées, des massacres abominables commis par les forces de Naser Orić dans tous les villages avoisinants ».

Elle est également confirmée par le procureur du TPYI, qui déclare de son côté : « Naser Oric est, à ce moment-là, l’autorité régnante et le seigneur de guerre de Srebrenica ». « Il devient ivre de pouvoir » et « ne s’embarrasse pas de faire respecter les lois et coutumes de la guerre. Ses hommes attaquent, pillent et brûlent une cinquantaine de villages et hameaux serbes des alentours. À Kravica et dans d’autres villages, Orić commande et prend part personnellement à ces attaques », selon son acte d’accusation.

2 – Ce massacre n’est pas un génocide. Le général MacKenzie nous dit que les femmes, les enfants et les vieillards ont été évacués de la ville de Srebrenica et transportés en zone bosniaque avant le présumé massacre. Ceci n’était évidemment pas la pratique de Naser Oric lors de ses attaques sur les villages serbes. Ce simple fait exclut, selon MacKenzie, l’utilisation du mot « génocide » par les forces serbes.

3 – Un bilan du massacre très exagéré. MacKenzie nous dit enfin que l’expression de « jusqu’à 8 000 morts » utilisée par les médias pour quantifier l’ampleur du massacre est fortement exagérée car elle inclut 5 000 présumés disparus et que 2 000 corps seulement ont été retrouvés dont beaucoup étaient imputables aux nombreux combats ayant eu lieu avant le présumé « massacre ».

Je confirme personnellement cette version des faits qui accrédite une hypothèse beaucoup plus basse de l’ampleur du massacre pour une raison bien simple : j’ai suivi, sur le terrain et scrupuleusement, l’élection d’après-guerre (en 2000) pour la ville de Srebrenica, élection supervisée par l’OSCE. La circonscription de Srebrenica a été gagnée, à une assez forte majorité, par les Bosniaques musulmans. L’ampleur de cette victoire n’aurait pas été possible si 8 000 électeurs musulmans de la ville avaient été vraiment massacrés en juillet 1995.

Comme l’a dit MacKenzie, la mathématique élémentaire ne colle pas avec l’expression médiatique « jusqu’à 8 000 ». De nombreux « présumés disparus » dans le massacre de Srebrenica sont donc « réapparus » pour voter en l’an 2000. Ils s’étaient simplement réfugiés ailleurs le temps du conflit. Les médias occidentaux ont préféré ignorer cette petite information pourtant révélatrice.

MacKenzie a la caractéristique de n’être ni serbe, ni bosniaque. C’est un général canadien. On ne peut le soupçonner de partialité. Ses propos sur le massacre des villages serbes avant Srebrenica ont d’ailleurs été confirmés par le général Morillon, général français, qui l’a précédé à Sarajevo.

L’auteur des massacres des Serbes, Naser Oric, commandant des forces bosniaques, a mis lui-même la main à la pâte et, aux dires de MacKenzie, a massacré plus de Serbes dans les villages autour de Srebrenica que Mladic n’en a tué dans la ville. Il a été condamné à deux ans de prison en première instance et acquitté en appel. Karadzic, qui n’a pas participé directement à des actions de guerre contre les Bosniaques mais était le chef d’Etat de la république serbe autoproclamée de Bosnie, donc responsable des actes de ses subordonnés, est condamné à la perpétuité. Comment expliquer le deux poids-deux mesures ?

La justice est rendue par les vainqueurs. « Vae Victis », « Malheur aux vaincus » : tout simplement.

L’Histoire est écrite par les vainqueurs. Dans ce cadre, la vérité médiatique du camp des vainqueurs de « l’après victoire » devient « vérité historique », si biaisée soit-elle, si romancée soit-elle, si mensongère soit-elle. Elle devient très vite la seule vérité historique « politiquement correcte ». Celui qui s’élève pour la corriger ou la remettre en question est immédiatement qualifié, au mieux de « révisionniste », au pire de « négationniste ».

C’est la vie…

Les voix qui s’élèvent, comme celles du général MacKenzie, le témoignage du général Morillon, ou très modestement le mien, dans le cas de Srebrenica, sont étouffés par le fracas médiatique. La vérité historique ? Ce sont les médias et les juges du camp des vainqueurs qui l’écrivent et nul témoin, présumé impartial, et même appartenant au camp des vainqueurs, n’est admis à faire valoir un constat différent.

C’est la vie…

S’il fallait pendre tous les vrais criminels de guerre, alors une belle brochette de chefs d’Etat ou de chefs militaires du camp occidental (celui des vainqueurs) auraient été pendus depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, à commencer par Hashim Thaci, actuel président de la République du Kosovo, promu à cette fonction par les Occidentaux, mais trafiquant d’organes lors de la guerre du Kosovo. Il utilisait les prisonniers de guerre serbes comme une « banque d’organes frais » et faisait exécuter ses prisonniers au fur et à mesure des commandes qu’il recevait.

Et je ne parle évidemment pas des chefs d’Etat qui déclenchent des guerres sous des prétextes mensongers et font tuer, par leurs forces armées, des centaines de milliers de personnes en Irak, en Syrie ou ailleurs, qui font légaliser ou couvrent la torture exécutée par les spadassins de leurs pays, ou encore rendent tristement célèbres les noms d’Abu Graib, de Guantanamo ou de Gaza. Et je n’évoque pas les chefs d’Etat qui font exécuter « le génocide à petit feu » de la nation palestinienne sur ses terres ancestrales ou couvrent l’apartheid et le nettoyage ethnique en Palestine de leur silence coupable.

« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », disait La Fontaine.

C’est la vie…

La conclusion de mon propos est la suivante : à force de nous être assénée quotidiennement pendant des mois, voire des années, la vérité « médiatique » du camp des vainqueurs devient, souvent à tort, la vérité « historique ».

Si certains mensonges sont parfois rapidement éventés (couveuses du Koweit, Timisoara, armes de destruction massives de Saddam, attaque au gaz de la Goutha), d’autres vérités dérangeantes ne le sont qu’après déclassification d’archives secrètes, un demi-siècle ou davantage, après les faits. Encore faut-il que quelqu’un ait l’idée de « tirer sur le fil du mensonge et que tout vienne… »

Par ailleurs, dans les jugements rendus en fin de conflit, le camp des perdants paye, à faute égale, un prix beaucoup plus élevé que le camp des gagnants qui fournit les juges du tribunal et les rémunère.

C’est la vie…

Général Dominique Delawarde

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