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Parallèlement à son cursus universitaire en Sciences politiques et Relations internationales, Alexandra a renforcé sa rigueur analytique en travaillant pour le ministère des Armées. Passionnée par l’Océan, l’Orient et l’Histoire, elle s’évade au gré des expositions parisiennes et des livres chinés deçà-delà. Dès qu’elle le peut, elle voyage en quête de nouvelles cultures, de grands espaces et de sites de plongée insolites : autant de sources d’inspiration pour ses articles.
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Avons-nous de réelles alternatives ?


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La démocratie à l’heure de la mondialisation

« La démocratie, la souveraineté nationale1 et l’intégration économique mondiale sont mutuellement incompatibles : nous pouvons combiner deux des trois, mais jamais les trois simultanément et pleinement. », estime l’économiste de renom Dani Rodrik. C’est ce qu’il nomme le « trilemme de l’économie mondiale ».

On a beau s’évertuer à concilier ces trois éléments, aucune société ne peut dépasser cette incompatibilité institutionnelle. C’est comme vouloir le beurre, l’argent du beurre et les fesses de la crémière… Quoiqu’on puisse avoir les trois en épousant la crémière – ce que nos anciens monarques avaient bien compris en mettant les mariages au cœur de leur stratégie politique et économique ! En témoigne la maxime des Habsbourg :

« Que les autres fassent la guerre, toi, heureuse Autriche, contracte des mariages, car les royaumes que Mars donne aux autres, c’est Vénus qui te les assure. »

Idée inapplicable en ces jours où la légitimité des systèmes politiques s’appuie sur la démocratie, ou ce que Rodrik appelle la « politique de masse ». La devise « du pain et des jeux » demeure cependant primordiale pour acheter la fameuse « paix sociale »… Les Romains avaient fait main basse sur le grenier à blé que constituait l’Égypte ; nous avons opté pour l’intégration dans l’économie mondialisée, synonyme de libre-circulation des biens et des services. Ainsi, depuis mars 2020, même les Chinois du Xinjiang peuvent croquer des hamburgers McDonald’s, tandis que les Émiriens se targuent de l’ouverture du Louvre Abu Dhabi depuis maintenant cinq ans… Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, comme dirait Leibnitz, si les peuples qui ont conquis le droit de vote étaient aussi cosmopolites que les philosophes des Lumières ! Le souci, c’est que comme le disait un autre Allemand, Otto von Bismark – le chantre de l’État-Nation (puisqu’il a fortement contribué à l’unification de l’Allemagne en son temps) :

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« Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va car il ne sait pas où il est. En ce sens, le passé est la rampe de lancement vers l’avenir. »

Apparaît dès lors un autre terme clef de nos réflexions politiques : l’identité. Car l’identité recèle un double enjeu : elle constitue nos racines, le support de nos mœurs et traditions ; mais elle se trouve aussi au cœur du mécanisme de représentation propre à nos démocraties contemporaines…

Alors que choisir ? Dani Rodrik présente trois alternatives possibles.

1) Le fédéralisme mondial, qui réconcilie la politique démocratique avec le marché mondialisé. Le professeur d’économie politique internationale estime toutefois que cela serait difficile à mettre en place à l’échelle mondiale, dans la mesure où c’est déjà compliqué de l’appliquer au niveau régional (cf. notre Union européenne) ;

2) Le maintien d’un État-Nation peu démocratique, uniquement tourné vers les besoins de l’économie internationale. Il s’agirait d’un État sous « camisole dorée » car poursuivant l’intégration économique mondiale en se conformant aux contraintes des institutions internationales (FMI, Banque mondiale…) aux dépens d’autres objectifs nationaux. C’est l’exemple historique de l’étalon-or du XIXe siècle, ou encore du dramatique effondrement argentin, après la mise en place du système de conversion dit de « currency board » en 1992 (alignement du nouveau peso sur le dollar) ;

3) Une version limitée de la mondialisation, à la manière du régime de Brettons-Woods post-45 (avec ses contrôles de capitaux et sa libéralisation limitée des échanges). En effet, une intégration poussée dans l’économie internationale nécessite l’élimination des coûts de transaction auxquels commerçants et financiers sont confrontés dans leurs transactions transfrontalières – ces coûts étant indissociables de l’existence des États-Nation. Or, même si les crises environnementale et sanitaire font apparaître les fragilités et les risques induits par nos très fortes interdépendances économiques, il semble désormais difficile d’organiser nos économies à une échelle nationale…

Le trilemme d’incompatibilité de Rodrik

Face à de tels enjeux, la parole des « experts » est de plus en plus valorisée, au point d’entrer en conflit avec la légitimité populaire. La démocratie doit-elle donc être faite par le peuple ou pour le peuple ? Prochain éclairage dans une semaine !

Alexandra Nicolas
Rédactrice en chef


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1. Par « souveraineté nationale », Dani Rodrik entend l’indépendance de l’État en tant que sujet de droit international, souverain sur son territoire et la population correspondant. C’est en ce sens que l’économiste parle aussi d’État-Nation, en opposition à un éventuel « fédéralisme mondial ».

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